... paru en 2024
Quel itinéraire !
Le lecteur est immédiatement saisi par le verbe luxuriant et incisif du poète
qui nous entraine dans un dédale de lieux hétéroclites : l’échoppe d’un
antiquaire , une mercerie foisonnante, des ruelles improbables, une agence immobilière,
et pourquoi pas une chapelle ou un banc public…
Dédales d’images, d’impressions, de métaphores, de pensées légères ou profondes, critiques
ou tendres, acerbes et désabusées parfois…
Nous suivons le poète dans ses pérégrinations, ses réflexions et ses interrogations qui, au détour
d’une pluie d’orage ou d’un billet de banque, nous ouvre finalement comme en filigrane, à l’essentiel.
C’est-à-dire, le grand mystère d’être au monde avec tous ses aspects totalement contrastés...
JEAN MAHLER
***************************
La sortie d’un nouveau recueil de Claude Luezior est toujours une prime à la beauté poétique,
un hymne d’amour pour la vie et l’humanité.
Jean DORNAC
***************************
« L'ITINERAIRE » : un vivant journal personnel, loin de la poésie compassée, trépassée ; un livre si particulier, aéré, précis, vif, intelligent, si vrai qu'on le lit sans différer tant son quotidien nous réveille l'âme, page après page : un véritable bain littéraire vitaminé rajeunissant !
Jeanne CHAMPEL GRENIER
***************************
Comment passer de l’itinérance à l’itinéraire, réunir les fragments de ce qui fait une vie d’Homme ?
C’est sans doute la question existentielle qui sous-tend ce magnifique recueil.
Barbara AUZOU
****************************
"Itin-errances" à travers villes et âmes, lignes à la fois profondes et jouissives,
sens du lien et sens du temps...
Jean-Louis BERNARD
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Quel itinéraire !
Le lecteur est immédiatement saisi par le verbe luxuriant et incisif du poète
qui nous entraine dans un dédale de lieux hétéroclites : l’échoppe d’un
antiquaire , une mercerie foisonnante, des ruelles improbables, une agence immobilière,
et pourquoi pas une chapelle ou un banc public…
Dédales d’images, d’impressions, de métaphores, de pensées légères ou profondes, critiques
ou tendres, acerbes et désabusées parfois…
Nous suivons le poète dans ses pérégrinations, ses réflexions et ses interrogations qui, au détour
d’une pluie d’orage ou d’un billet de banque, nous ouvre finalement comme en filigrane, à l’essentiel.
C’est-à-dire, le grand mystère d’être au monde avec tous ses aspects totalement contrastés...
JEAN MAHLER
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La sortie d’un nouveau recueil de Claude Luezior est toujours une prime à la beauté poétique,
un hymne d’amour pour la vie et l’humanité.
Jean DORNAC
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« L'ITINERAIRE » : un vivant journal personnel, loin de la poésie compassée, trépassée ; un livre si particulier, aéré, précis, vif, intelligent, si vrai qu'on le lit sans différer tant son quotidien nous réveille l'âme, page après page : un véritable bain littéraire vitaminé rajeunissant !
Jeanne CHAMPEL GRENIER
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Comment passer de l’itinérance à l’itinéraire, réunir les fragments de ce qui fait une vie d’Homme ?
C’est sans doute la question existentielle qui sous-tend ce magnifique recueil.
Barbara AUZOU
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"Itin-errances" à travers villes et âmes, lignes à la fois profondes et jouissives,
sens du lien et sens du temps...
Jean-Louis BERNARD
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CLAUDE LUEZIOR
Couverture par Diana Rachmuth, architecte et artiste-peintre
Au démêloir des heures de Claude Luezior
Librairie-Galerie Racine, Paris
Article créé à 14.08.2023 in : Webliterra.ch
Un recueil de poèmes qui ne peut laisser personne indifférent tant il va au fond des choses, remue le quotidien, soulève des questionnements essentiels.
Avec Claude Luezior nous partons ici à la rencontre de mondes oniriques, d’univers parallèles, de territoires inconnus qui nous font traverser des cosgomonies étranges, inquiétantes, luxuriantes ou étouffantes…
« Hagards, prisonniers de nos rêves, ne connaissons-nous tous, quelque part, l’espace transitoire de la folie?
Angoisse et jubilation oniriques au carnaval de l’insensé où halète une part animale, où se disloquent les déséquilibres du réel, où processionnent les bacchanales de la transgression et se rebiffent nos chaînes. Sans entraves, la nuit joue une fois pour toutes son fou du roi sur le damier de songes déliés de toutes contraintes. S’affolent chamans et pantomimes , sorciers et gueux dans le chaudron du cauchemar… »
Le décor est posé, le voyage poétique sera tourmenté, turbulent, déliant tous les codes usuels, bousculant les habitudes du quotidien, franchissant des torrents tu multueux de la raison, des digues et des règles: « fou-rire /d’un carnaval/qui égraine/ses déséquilibres ».
On y traverse la nuit vagabonde, le fleuve du léthé, l’enfer , le purgatoire et le monde des rêves fous, on y défait les liens de la logique et du raisonnable, on y transforme les rythmes du temps quantifié…
L’auteur nous offre aussi des tournures ludiques, « le temps d’un rien/d’un amour, d’un plaisir/le temps de se perdre/de suspendre son vol… » Et Claude Luezior de se demander si la poésie est célébration , plain-chant, oracle de grands prêtres, druides ou personnages investis d’un pouvoir supérieur.
« Leur parole cryptée , si vulnérable, serait-elle délivrance d’un état second que nous portons tous en nous? »
Le poète porteur d’une parole cachée, d’un inconscient originel, autant de questions que l’auteur pose, en entrouvant des portes, cherchant, scrutant un ciel empli d’étoiles et d’obscurité aussi.
Au démêloir des heures de Claude Luezior, un recueil de poèmes précieux, riches de milles interrogations, de chemins existentiels et de poésie bien sûr.
Jean-Marc Theytaz
**********************************************************************************************************************************************************************
Recension de Jeanne Champel-Grenier
sur le site "Les belles phrases" d'Eric Allard, mai 2023
En illustration de couverture, nous surprend cette œuvre littéralement flamboyante de l’artiste roumaine Diana Rachmuth : un kimono dont la totale transparence laisse voir un corps de flamme féminin : sacrifice d’amour ou bien cauchemar ? Impression apparentée à celle que produisent ces corps de femmes étrangement disparues dont il ne reste qu’une enveloppe, mystère à la fois poétique et inquiétant que l’on découvre dans le célèbre livre »Sleeping beauties » de Stephen King. Rêve ou réalité ?
Telle est la question rémanente que pose l’auteur Claude Luezior en train d’analyser cet étrange état ressenti entre sommeil et réveil : « Assoupi / je questionne / des rêves / qui enjambent / la raison »( p.9)
Aux confins de la conscience et du sommeil, les pensées se libèrent du carcan de la raison, des lois de morale orthonormée ; elles investissent les fourrés impénétrables, vont frayer dans des avens remplis de scories inexpliquées, et de façon aléatoire révèlent leur présence active tantôt poignante tantôt loufoque. Ces pensées, signes vivaces d’un monde intérieur troublé, changeant, immaîtrisé, servent de mangeoire où vont se nourrir cauchemars et terreurs ainsi que désirs exsangues soudain en plein assouvissement.
Et c’est là que l’esprit s’active, se débat au »démêloir des heures », car ce monde à la fois étrange et attirant qui s’affranchit souvent de la morale et des interdits, c’est ce monde là, ce monde en marge et en perpétuel mouvement que nous présente l’auteur : » une jouvence nouvelle / transgresse les ombres / bouscule et heurte / l’immobile » (p. 11)
Avancer dans l’obscur, sans phare, éclairé par les turbulences de l’esprit qui a rompu les amarres, tel est ce no man’s land peuplé d’obstacles imprévus et imprévisibles, où soudain se révèle vraie et vivante la présence de ce petit chien ami que l’on est en train de caresser : » pourtant ma petite chienne / s’est enroulée sur moi-même / apaisée sous ma main / tout près, en un soupir tiède » (p. 21).
Suivront » rimailles et rossignols », » Becs et hiboux carnivores », » le psychiatre remplaçant le devin » et puis par bonheur, puisque l’auteur nous le certifie, viendront » D’irrésistibles muscs dénouer leurs alchimies » pour qu’ » en mes houles / frissonnent / des insouciances » (p. 58) et voilà que » Comme par magie / l’éloquence d’un baiser / magnétise mon souffle » (p. 80). Il sera alors temps de se rasséréner puisqu’enfin le jour se lève : » les marges de l’obscur / ont décharné / les résilles de la déraison / leur regard sépia / a fait place / aux rires de l’aube » (p. 88).
AU DÉMÊLOIR DES HEURES de Claude LUEZIOR : un voyage en terrain connu, celui de la somnolence avec ses pics de profundis et ses arrêts sur image lorsque surgit tantôt une cohorte mortifère, tantôt un vision angélique.
Il s’agit d’une œuvre élaborée de main de maître avec la nécessité de discerner au seuil du sommeil, avec honnêteté, précision et clairvoyance, tant les paisibles vertes prairies que les champs phlégréens de son propre itinéraire intérieur. » Vivre un »au-delà » en des songes transitoires » (p. 65) et puis retrouver le fil d’un quotidien vivant, tourné vers l’avenir, puisqu’enfin » jubilent les persiennes ouvertes ».
Le site de l’éditeur
Le site de Claude LUEZIOR
Le site de Jeanne CHAMPEL GRENIER
Note de lecture de François Folscheid (Saumur) :
Au démêloir des heures, Claude Luezior, éditions Librairie-Galerie Racine–Paris, avril 2023.
S’il est vrai que l’être humain est fait d’eau de mer et de poussière d’étoiles, pourquoi le poète, aux antennes plus sensibles que le commun, n’entendrait-il pas la voix d’un « inconscient originel » ? C’est ce que semble nous dire Claude Luezior dans son nouveau recueil Au démêloir des heures, paru en avril 2023 aux éditions Librairie-Galerie Racine–Paris.
Mais pour s’aboucher au verbe primordial – qui est aussi béance et silence –, il faut passer par l’inconscient individuel, en franchir les espaces ténébreux, ce « carnaval de l’insensé » où « halète une part animale ». Et si Luezior s’abandonne à ce « trou noir/ aux encoignures/ d’enfer » et se laisse parfois emporter par les « meutes carnassières/ des cauchemars inassouvis », il ne fait pas naufrage pour autant. Après tout, Orphée n’a-t-il pas réussi à traverser les épreuves de l’Enfer et à en ressortir indemne, quitte à se retrouver veuf à jamais de la bien-aimée ?
Car le pouvoir de la poésie est là, toujours, lueur phosphorescente dans la nuit de l’être : quand « là-bas se déhanche un poème », « démones aux rouges grimoires », « becs et hiboux carnivores » glissent sur le bouclier d’azur et le heaume de candeur du poète. Pouvoir de la poésie et pouvoir aussi de l’amour, car Luezior ne s’est pas retourné sur Eurydice : Elle est là, en filigrane, présence discrète, tantôt prenant le visage de l’aube, qui « anime ses fibres tièdes », tantôt revêtant « la pudeur d’une violette ». Si l’animus en lui ne saurait s’amputer de son anima, c’est sans doute pour mieux assurer sa mission d’explorateur de l’Inconscient et de questeur métaphysique : « sur les brisants/ de nulle part/ lier l’invisible/ aux racines de l’être ».
La poésie de Claude Luezior est une poésie de combat – combat avec nos démons, nos habitudes mentales, nos phobies – et de quête d’une sérénité qui n’adviendrait qu’au bout d’un arrachement à nos malédictions et à nos « affres d’arrière-nuit ». Bâti sur le procédé de mise en page dont l’auteur est coutumier, le recueil nous offre cette alternance – visuellement agréable – de poèmes en vers libres et de mini-proses, produisant un effet de synergie poétique.
Épurée et maîtrisée, sans emphase excessive, avec juste ce qu’il faut d’abstraction pour ne pas glisser dans le larmier du lyrisme, cette poésie évite sans effort ces écueils de la poésie contemporaine que sont la perte du sens par noyade dans les mots, et l’amuïssement du chant par abus du cryptique.
Ainsi dans ce démêloir des heures, Luezior nous convie-t-il enfin, démons vaincus, à « un jour de sucre/ de pulpe rare et de blés/ manne pour fiançailles/ où jubilent/ des persiennes ouvertes ».
François Folscheid, juin 2023
**********
AU DEMÊLOIR DES HEURES, Ed. LGR Paris, 94 p., ISBN : 978-2-2430-4859-9, printemps 2023
Quel bonheur de se sentir en adéquation avec ce voyage dans l'imaginaire; le rêve, et parfois l'insomnie qui permettent de "larguer les amarres"...
Ces nuits de feu sont un consentement à l'irréel, lequel nous fait rentrer par la petite porte du jardin. Le vocable est ici créateur, porteur, musique et formes qui s'entremêlent.
La violette et son parfum nous survivront, ainsi que les roses en si belle connivence. Les mots sont revitalisés, pour quelques heures, quelques jours qui, toujours, s'étonnent de ces productions cérébrales souvent sans réponses.
Regard et yeux toujours si bleus...
Béatrice ROLANDO
"Image" en première de couverture par : Diana Rachmuth (cf son site, cliquer...)
Au démêloir des heures de Claude Luezior
Librairie-Galerie Racine, Paris
Article créé à 14.08.2023 in : Webliterra.ch
Un recueil de poèmes qui ne peut laisser personne indifférent tant il va au fond des choses, remue le quotidien, soulève des questionnements essentiels.
Avec Claude Luezior nous partons ici à la rencontre de mondes oniriques, d’univers parallèles, de territoires inconnus qui nous font traverser des cosgomonies étranges, inquiétantes, luxuriantes ou étouffantes…
« Hagards, prisonniers de nos rêves, ne connaissons-nous tous, quelque part, l’espace transitoire de la folie?
Angoisse et jubilation oniriques au carnaval de l’insensé où halète une part animale, où se disloquent les déséquilibres du réel, où processionnent les bacchanales de la transgression et se rebiffent nos chaînes. Sans entraves, la nuit joue une fois pour toutes son fou du roi sur le damier de songes déliés de toutes contraintes. S’affolent chamans et pantomimes , sorciers et gueux dans le chaudron du cauchemar… »
Le décor est posé, le voyage poétique sera tourmenté, turbulent, déliant tous les codes usuels, bousculant les habitudes du quotidien, franchissant des torrents tu multueux de la raison, des digues et des règles: « fou-rire /d’un carnaval/qui égraine/ses déséquilibres ».
On y traverse la nuit vagabonde, le fleuve du léthé, l’enfer , le purgatoire et le monde des rêves fous, on y défait les liens de la logique et du raisonnable, on y transforme les rythmes du temps quantifié…
L’auteur nous offre aussi des tournures ludiques, « le temps d’un rien/d’un amour, d’un plaisir/le temps de se perdre/de suspendre son vol… » Et Claude Luezior de se demander si la poésie est célébration , plain-chant, oracle de grands prêtres, druides ou personnages investis d’un pouvoir supérieur.
« Leur parole cryptée , si vulnérable, serait-elle délivrance d’un état second que nous portons tous en nous? »
Le poète porteur d’une parole cachée, d’un inconscient originel, autant de questions que l’auteur pose, en entrouvant des portes, cherchant, scrutant un ciel empli d’étoiles et d’obscurité aussi.
Au démêloir des heures de Claude Luezior, un recueil de poèmes précieux, riches de milles interrogations, de chemins existentiels et de poésie bien sûr.
Jean-Marc Theytaz
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Recension de Jeanne Champel-Grenier
sur le site "Les belles phrases" d'Eric Allard, mai 2023
En illustration de couverture, nous surprend cette œuvre littéralement flamboyante de l’artiste roumaine Diana Rachmuth : un kimono dont la totale transparence laisse voir un corps de flamme féminin : sacrifice d’amour ou bien cauchemar ? Impression apparentée à celle que produisent ces corps de femmes étrangement disparues dont il ne reste qu’une enveloppe, mystère à la fois poétique et inquiétant que l’on découvre dans le célèbre livre »Sleeping beauties » de Stephen King. Rêve ou réalité ?
Telle est la question rémanente que pose l’auteur Claude Luezior en train d’analyser cet étrange état ressenti entre sommeil et réveil : « Assoupi / je questionne / des rêves / qui enjambent / la raison »( p.9)
Aux confins de la conscience et du sommeil, les pensées se libèrent du carcan de la raison, des lois de morale orthonormée ; elles investissent les fourrés impénétrables, vont frayer dans des avens remplis de scories inexpliquées, et de façon aléatoire révèlent leur présence active tantôt poignante tantôt loufoque. Ces pensées, signes vivaces d’un monde intérieur troublé, changeant, immaîtrisé, servent de mangeoire où vont se nourrir cauchemars et terreurs ainsi que désirs exsangues soudain en plein assouvissement.
Et c’est là que l’esprit s’active, se débat au »démêloir des heures », car ce monde à la fois étrange et attirant qui s’affranchit souvent de la morale et des interdits, c’est ce monde là, ce monde en marge et en perpétuel mouvement que nous présente l’auteur : » une jouvence nouvelle / transgresse les ombres / bouscule et heurte / l’immobile » (p. 11)
Avancer dans l’obscur, sans phare, éclairé par les turbulences de l’esprit qui a rompu les amarres, tel est ce no man’s land peuplé d’obstacles imprévus et imprévisibles, où soudain se révèle vraie et vivante la présence de ce petit chien ami que l’on est en train de caresser : » pourtant ma petite chienne / s’est enroulée sur moi-même / apaisée sous ma main / tout près, en un soupir tiède » (p. 21).
Suivront » rimailles et rossignols », » Becs et hiboux carnivores », » le psychiatre remplaçant le devin » et puis par bonheur, puisque l’auteur nous le certifie, viendront » D’irrésistibles muscs dénouer leurs alchimies » pour qu’ » en mes houles / frissonnent / des insouciances » (p. 58) et voilà que » Comme par magie / l’éloquence d’un baiser / magnétise mon souffle » (p. 80). Il sera alors temps de se rasséréner puisqu’enfin le jour se lève : » les marges de l’obscur / ont décharné / les résilles de la déraison / leur regard sépia / a fait place / aux rires de l’aube » (p. 88).
AU DÉMÊLOIR DES HEURES de Claude LUEZIOR : un voyage en terrain connu, celui de la somnolence avec ses pics de profundis et ses arrêts sur image lorsque surgit tantôt une cohorte mortifère, tantôt un vision angélique.
Il s’agit d’une œuvre élaborée de main de maître avec la nécessité de discerner au seuil du sommeil, avec honnêteté, précision et clairvoyance, tant les paisibles vertes prairies que les champs phlégréens de son propre itinéraire intérieur. » Vivre un »au-delà » en des songes transitoires » (p. 65) et puis retrouver le fil d’un quotidien vivant, tourné vers l’avenir, puisqu’enfin » jubilent les persiennes ouvertes ».
Le site de l’éditeur
Le site de Claude LUEZIOR
Le site de Jeanne CHAMPEL GRENIER
Note de lecture de François Folscheid (Saumur) :
Au démêloir des heures, Claude Luezior, éditions Librairie-Galerie Racine–Paris, avril 2023.
S’il est vrai que l’être humain est fait d’eau de mer et de poussière d’étoiles, pourquoi le poète, aux antennes plus sensibles que le commun, n’entendrait-il pas la voix d’un « inconscient originel » ? C’est ce que semble nous dire Claude Luezior dans son nouveau recueil Au démêloir des heures, paru en avril 2023 aux éditions Librairie-Galerie Racine–Paris.
Mais pour s’aboucher au verbe primordial – qui est aussi béance et silence –, il faut passer par l’inconscient individuel, en franchir les espaces ténébreux, ce « carnaval de l’insensé » où « halète une part animale ». Et si Luezior s’abandonne à ce « trou noir/ aux encoignures/ d’enfer » et se laisse parfois emporter par les « meutes carnassières/ des cauchemars inassouvis », il ne fait pas naufrage pour autant. Après tout, Orphée n’a-t-il pas réussi à traverser les épreuves de l’Enfer et à en ressortir indemne, quitte à se retrouver veuf à jamais de la bien-aimée ?
Car le pouvoir de la poésie est là, toujours, lueur phosphorescente dans la nuit de l’être : quand « là-bas se déhanche un poème », « démones aux rouges grimoires », « becs et hiboux carnivores » glissent sur le bouclier d’azur et le heaume de candeur du poète. Pouvoir de la poésie et pouvoir aussi de l’amour, car Luezior ne s’est pas retourné sur Eurydice : Elle est là, en filigrane, présence discrète, tantôt prenant le visage de l’aube, qui « anime ses fibres tièdes », tantôt revêtant « la pudeur d’une violette ». Si l’animus en lui ne saurait s’amputer de son anima, c’est sans doute pour mieux assurer sa mission d’explorateur de l’Inconscient et de questeur métaphysique : « sur les brisants/ de nulle part/ lier l’invisible/ aux racines de l’être ».
La poésie de Claude Luezior est une poésie de combat – combat avec nos démons, nos habitudes mentales, nos phobies – et de quête d’une sérénité qui n’adviendrait qu’au bout d’un arrachement à nos malédictions et à nos « affres d’arrière-nuit ». Bâti sur le procédé de mise en page dont l’auteur est coutumier, le recueil nous offre cette alternance – visuellement agréable – de poèmes en vers libres et de mini-proses, produisant un effet de synergie poétique.
Épurée et maîtrisée, sans emphase excessive, avec juste ce qu’il faut d’abstraction pour ne pas glisser dans le larmier du lyrisme, cette poésie évite sans effort ces écueils de la poésie contemporaine que sont la perte du sens par noyade dans les mots, et l’amuïssement du chant par abus du cryptique.
Ainsi dans ce démêloir des heures, Luezior nous convie-t-il enfin, démons vaincus, à « un jour de sucre/ de pulpe rare et de blés/ manne pour fiançailles/ où jubilent/ des persiennes ouvertes ».
François Folscheid, juin 2023
**********
AU DEMÊLOIR DES HEURES, Ed. LGR Paris, 94 p., ISBN : 978-2-2430-4859-9, printemps 2023
Quel bonheur de se sentir en adéquation avec ce voyage dans l'imaginaire; le rêve, et parfois l'insomnie qui permettent de "larguer les amarres"...
Ces nuits de feu sont un consentement à l'irréel, lequel nous fait rentrer par la petite porte du jardin. Le vocable est ici créateur, porteur, musique et formes qui s'entremêlent.
La violette et son parfum nous survivront, ainsi que les roses en si belle connivence. Les mots sont revitalisés, pour quelques heures, quelques jours qui, toujours, s'étonnent de ces productions cérébrales souvent sans réponses.
Regard et yeux toujours si bleus...
Béatrice ROLANDO
"Image" en première de couverture par : Diana Rachmuth (cf son site, cliquer...)
CLAUDE LUEZIOR : Une dernière brassée de lettres, Paris, Librairie Éditions Tituli, 2016, 82 p. ; Fragile. Poèmes, Charlieu, La Bartavelle éditeur, 1999, 112 p. ; Mendiant d’utopie. Poésie, Paris, L’Harmattan, 2009, 100 p. ; Vent debout !, Colombes, Encres vives.
Claude Luezior, médecin-neurologue et professeur d’université, est un
écrivain connu et reconnu. Il est l’auteur de romans, nouvelles,
textes courts, poèmes, aphorismes, proses poétiques, ouvrages
scientifiques et textes de livres d’art. Un personnage complet, donc,
dans le monde de la littérature et de l’art.
Dans le premier texte, Une dernière brassée de lettres, j’aime la
Lettre aux Poètes. Claude Luezior est net : « Le temps n’est plus aux
poètes maudits sous leur pont […]. Que dix mille poètes prennent la
parole chaque semaine […] Avec dix grammes d’écriture, mettons le feu
au désert que l’on nous propose ».
Voilà donc un programme pour la poésie et la culture de nos jours.
Nous avons besoin de poésie, s’écrie Claude Luezior, pour gouverner et
faire avancer le monde. À lire toutes les autres lettres, surtout
celles au Rêve, au Poème, à la Patience, à « mon pauvre Fantôme ».
Claude Luezior nous lance sur la route de l’amour, de l’utopie, de la
recherche du paradis perdu. Il est un mendiant de lumière et
d’origine, dont il essaie de capter les échos. Justement, il
s’auto-définit un « passeur de feu ».
Ses mots jaillissent comme de la lave, vont en ébullition et ouvrent
le moi sur la page.
MARIO SELVAGGIO
Professeur d'Université
in : NORIA, n. 4; 08.2021 (Bari, Italie, Ed. Giovanni Dotoli)
Caricature de Claude Luezior par Jeanne Champel Grenier
Luezior poète ? Oui, sur les sentiers les moins préparés à la marche tranquille. Plutôt sur les sentiers qui ne mènent nulle part, mais sont taillés dans la forêt, c'est-à-dire qu'ils impliquent un cheminement. Forte pensée de Heidegger, qui concerne les poètes-chercheurs comme Luezior bien plus que les héritiers ronronnants d'une tradition confortable et sans risque. Sentiers inconfortables, que parcourut aussi Paul Éluard, sur les Marches de la brume. Ces sentiers-là, heureusement, sont semés de tessons débris de verre ou de poterie - comme le signalent les dictionnaires. Et qui ont la propriété bien connue des poètes, de décomposer la lumière blanche ordinaire offerte au spectateur ordinaire, en ses composantes de couleurs spectrales. Ainsi surgit pour les initiés le spectre révélateur et mystérieux du cheminement humain.
Jean Desmeuzes
Paru en 2022 :
SUR LES FRANGES DE L’ESSENTIEL
suivi de
ÉCRITURES
de Claude LUEZIOR
Éditions Traversées, Belgique, 2022
« Sur les franges de l’essentiel... », cette première partie de titre incite à vérifier ses connaissances verbales avant d’engager la lecture. Selon le dictionnaire, le mot « frange », outre la coupe de cheveux bien connue, désignerait, entre autre, « une limite floue entre deux choses, deux notions », ce qui lui ouvre grand les portes du possible. Quant à « l’essentiel », s’agissant ici du nom, il désigne ce qui est le plus important, vaste domaine s’il en est. Avec cette belle formule, Claude Luezior fait preuve d’une prudente modestie. Mais à la lecture de la centaine de pages concernée, c’est bien l’âme du poète, sa culture, son talent, ses désirs comme ses souffrances qui nous sont révélés en multiples circonstances de la vie.
Et pourtant, il semblerait que « l’essentiel » se trouve encore au-delà de cette première partie. Écrire, n’est-ce pas, en effet, ce qui donne tout son sens à la vie d’un auteur et d’un poète ? Que vont donc nous apprendre les « Écritures » ? Dès le premier poème intitulé « Liminaire », Claude Luezior exprime son besoin vital d’écrire et en révèle les effets. D’où peut-être, « une urgence (…) celle d’aimer ». L’amour, source inépuisable de l’écriture poétique. « Les éclats d’une vie » passée ne suffissent plus à faire naître des images, ni à maîtriser mots et syntaxe, ni même à combler les silences. Alors « L’urgence a repris le pas sur la lassitude » Ainsi est née « Écritures », fascinante trace d’un « Acte irréversible où l’écrivant avoue sa condition humaine tout au bord de la mise en cendres. » Le poète élargit ici le caractère sacré des Écritures religieuses à l’écriture elle-même. « Écrire, c’est officier sous la voûte des étoiles, c’est chercher le gui à mains nues, sur les ramures des chênes. » nous dit-il dans « Hallucinogènes » dernier poème du recueil où « les mots sont une drogue ».
Usant de son art de la métaphore, Claude Luezior va les costumer et les mettre en scène dans d’improbables et savoureux scenarios poétiques. Au poète en devenir, il conseille « Burine ta page », puis « Les mots en bandoulière, pars à ta propre conquête jusqu’à ce que poésie s’en suive. » Même « … vagabonde, migrante, par nature métissée », la langue ne trouble pas le poète ébloui par « … l’infini arc-en-ciel d’un ailleurs ». Il n’en sera que plus prolifique « Au matin des mots », mettant nos « Papilles » littéraires « en extase ». Sans surprise, on apprend que ce « Bricoleur de mots » n’apprécie guère « … le clavier sans âme », lui qui se désole et lance une « Alerte ! » pour un « … un mot d’amour : échappé ! » Pareillement, il se fait ardant défenseur de la virgule : « Une prose sans virgule n’est qu’un brouhaha de lettres, ... » Mais le pire n’est-il pas que « Certains prétendent que le Verbe est mort. » ? Alors, « En guise de requiem », le poète propose à cet ancien « copain » de « … partager une dernière tranche de pain ». Ces quelques exemples ne sont qu’une modeste mise en bouche avant le véritable festin des mots que Claude Luezior a concocté. Lecteurs et lectrices, régalez vous !
Kathleen HYDEN-DAVID
[email protected]
Tableau de Jean-Pierre Moulin, 80cm x 80 cm, huile sur toile pour la couverture de Sur les franges de l'essentiel suivi de Ecritures :
suivi de
ÉCRITURES
de Claude LUEZIOR
Éditions Traversées, Belgique, 2022
« Sur les franges de l’essentiel... », cette première partie de titre incite à vérifier ses connaissances verbales avant d’engager la lecture. Selon le dictionnaire, le mot « frange », outre la coupe de cheveux bien connue, désignerait, entre autre, « une limite floue entre deux choses, deux notions », ce qui lui ouvre grand les portes du possible. Quant à « l’essentiel », s’agissant ici du nom, il désigne ce qui est le plus important, vaste domaine s’il en est. Avec cette belle formule, Claude Luezior fait preuve d’une prudente modestie. Mais à la lecture de la centaine de pages concernée, c’est bien l’âme du poète, sa culture, son talent, ses désirs comme ses souffrances qui nous sont révélés en multiples circonstances de la vie.
Et pourtant, il semblerait que « l’essentiel » se trouve encore au-delà de cette première partie. Écrire, n’est-ce pas, en effet, ce qui donne tout son sens à la vie d’un auteur et d’un poète ? Que vont donc nous apprendre les « Écritures » ? Dès le premier poème intitulé « Liminaire », Claude Luezior exprime son besoin vital d’écrire et en révèle les effets. D’où peut-être, « une urgence (…) celle d’aimer ». L’amour, source inépuisable de l’écriture poétique. « Les éclats d’une vie » passée ne suffissent plus à faire naître des images, ni à maîtriser mots et syntaxe, ni même à combler les silences. Alors « L’urgence a repris le pas sur la lassitude » Ainsi est née « Écritures », fascinante trace d’un « Acte irréversible où l’écrivant avoue sa condition humaine tout au bord de la mise en cendres. » Le poète élargit ici le caractère sacré des Écritures religieuses à l’écriture elle-même. « Écrire, c’est officier sous la voûte des étoiles, c’est chercher le gui à mains nues, sur les ramures des chênes. » nous dit-il dans « Hallucinogènes » dernier poème du recueil où « les mots sont une drogue ».
Usant de son art de la métaphore, Claude Luezior va les costumer et les mettre en scène dans d’improbables et savoureux scenarios poétiques. Au poète en devenir, il conseille « Burine ta page », puis « Les mots en bandoulière, pars à ta propre conquête jusqu’à ce que poésie s’en suive. » Même « … vagabonde, migrante, par nature métissée », la langue ne trouble pas le poète ébloui par « … l’infini arc-en-ciel d’un ailleurs ». Il n’en sera que plus prolifique « Au matin des mots », mettant nos « Papilles » littéraires « en extase ». Sans surprise, on apprend que ce « Bricoleur de mots » n’apprécie guère « … le clavier sans âme », lui qui se désole et lance une « Alerte ! » pour un « … un mot d’amour : échappé ! » Pareillement, il se fait ardant défenseur de la virgule : « Une prose sans virgule n’est qu’un brouhaha de lettres, ... » Mais le pire n’est-il pas que « Certains prétendent que le Verbe est mort. » ? Alors, « En guise de requiem », le poète propose à cet ancien « copain » de « … partager une dernière tranche de pain ». Ces quelques exemples ne sont qu’une modeste mise en bouche avant le véritable festin des mots que Claude Luezior a concocté. Lecteurs et lectrices, régalez vous !
Kathleen HYDEN-DAVID
[email protected]
Tableau de Jean-Pierre Moulin, 80cm x 80 cm, huile sur toile pour la couverture de Sur les franges de l'essentiel suivi de Ecritures :
Sur les franges de l'essentiel suivi de Ecritures de Claude Luezior
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Théâtre et Poésie => Poésie
Critique littéraire de Débézed (Denis Billamboz) , le 26 octobre 2022 (Besançon)
Ecrire pour vivre
Avant d’évoquer ce que j’ai trouvé dans ce recueil je voudrais déjà parler de l’objet livre : un magnifique ouvrage au format portrait, presque carré, orné de la photographie d’une magnifique peinture de Jean-Pierre Moulin. Le papier utilisé pour la couverture comme pour les pages intérieur est de très belle qualité, l’impression et la mise en pages sont très soignées, c’est presque un objet collector. Ce livre comme l’indique le titre comporte deux textes : un recueil de poésie en partie en prose et en partie en vers et un autre texte en forme d’essai sur l’écriture, l’art d’écrire, la raison, d’écrire, la manière d’écrire, tout ce qui apporte une motivation à l’écrivain et développe son talent potentiel.
Claude Luezior, je l’ai découvert il y a peu à travers la lecture de son P’tit Cactus, Emeutes, édité chez Cactus inébranlable éditions, un recueil d’aphorismes qui met bien valeur sa profonde culture et son art de jongler avec les mots. Dans le présent recueil, le texte poétique se décompose en deux parties : des poèmes en vers très courts écrits en caractères d’imprimerie et des textes en poésie en prose présentés en italique. La partie en prose semble servir à exposer l’esprit de ce qui suit en vers, comme si ces textes en prose introduisaient un nouveau chapitre, un nouveau thème, une partie d’un tout évoquant l’écriture, son histoire, l’art d’écrire, la finalité de l’écriture, la nécessité de l’écriture, … Tout ce que l’écriture apporte à la vie et tout ce qui rattache l’homme à l’écriture.
L’écriture c’est aussi un message que Claude lance avec force : « On me rebat les oreilles avec les robots et l’intelligence artificielle. / A quand les vraies oreilles pour entendre les cris des affamés ? … ». Claude en raconte l’histoire à travers sa poésie pour que les hommes comprennent le rôle qu’elle joue dans leur vie depuis l’origine de l’humanité, depuis que les hommes préhistoriques ont laissé des messages sur les parois des grottes. « Les dessins des cavernes ou ceux des pyramides ont survécu durant des millénaires, les volumes et codex, quelques siècles. Alors que les électrons de nos ordinateurs ne seront peut-être plus lisibles dans une vingtaine d’années ». Certains supports ne sont déjà plus lisibles aujourd’hui faute de matériel adapté pour les lire et certains langages informatiques sont déjà oubliés.
Ecrire est un art que la machine n’apprendra jamais, « Le langage du poète est tellement confidentiel qu’aucune notice « Secret », qu’aucun tampon « Défense » ne sera nécessaire ». Seul l’écriture manuelle peut conserver l’humanité nécessaire à la vie. Et peut-être que les poètes deviendront, dans un avenir incertain, les vedettes des années à venir. « Qui sait ? Robots et ordinateurs en convulseront d’envie. / je ne suis d’ailleurs pas sûr que les artisans de la plume d’oie en seront aise ».
Cet art d’écrire, Claude le possède à l’excellence, il l’expose dans ce texte où, comme il y a le fin du fin dans tout ce que nous pouvons évoquer, il y a de la poésie dans la poésie. J’ai pris cet exemple qui m’a particulièrement épaté : « A main feutrée, je profusionne des caresses que je dénoue au gré de tes courbes ». Son vocabulaire est d’une grande richesse : choix des mots exacts, les mieux adaptés au texte et à son sens, les plus éloquents, les plus précis mais aussi ceux qui coulent, sonnent le mieux dans la musique et le rythme du texte.
Ainsi, le texte de Claude est d’un parfait esthétisme, il est enchanteur est pourtant il comporte une dose d’amertume en évoquant le temps qui passe provoquant la déchéance physique. « Pour le salut / de leur corps // à l’abandon / sous mes yeux / dans mes mains // ce corps igné par l’insupportable / magie / coup de fouet / du dire // … ». Un certain agacement aussi devant l’humanité qui perd de plus en plus la sienne. « Mais pourquoi donc Dieu a-t-il légué à l’Homme sa folie inventive ? ». Ce texte a une dimension testamentaire, Claude, comme moi, a déjà vécu une partie conséquente de sa vie, il s’interroge sur ce qu’il est, ce qu’il a fait, ce que les hommes ont fait et feront encore, Pourquoi vivre ? Il questionne dans un poème,« Vivre ? », dont je ne cite qu’une partie : « Fleurir / … // rugir / … // courir / … // , souffrir / face aux décrépitudes qui sonnent la charge dans mes viscères / … ». Le corps faiblit, l’écriture accueille l’inquiétude, l’angoisse, la vision de la fin qui se profile de moins en moins loin. L’écriture et la vie se fondent dans une même fusion pour transmettre un message de vigilance, d’attention et d’espoir aussi aux générations futures. « … / pour que survive / en manière d’essentiel / nous avons calligraphié / sur l’épiderme de nos chairs / écrouelles, cicatrices / et spasmes insensés / que l’on appelle poésie ».
Et la poésie sera toujours la vie comme sous la plume de Claude Luezior
Denis Billamboz
in :www.lirepourleplaisir et www.critiqueslibres.com, oct 2022
*******
Une chronique de Lieven Callant
Claude Luezior, Sur les franges de l’essentiel, suivi de Écriture, Éditions Traversée,ISBN 9782931077047, 126 pages, 2022, 25€.
L’étoile la plus lointaine jamais détectée se situe à plus de 28 milliards d’années-lumière. Est-ce à ce niveau qu’il faut situer les franges de l’essentiel en sachant que l’étoile brillait déjà alors que notre univers n’était âgé que de 900 millions d’années et que pour nous parvenir la lumière de cette étoile a mis 12,9 milliards d’années. Il y a de quoi attraper le vertige pourtant, il faut l’admettre la poésie sous toutes ses formes agit souvent sur nous comme l’un de ces puissants télescopes. Elle transforme, bouscule nos appréhensions les plus diverses.
D’une certaine manière, dans la première partie de ce livre, Claude Luezior tente de circonscrire le domaine de la poésie, de guider son lecteur tout en guidant aussi celui qui écrit, transcrit, laisse une trace et crée. Il est bien question de marquer le temps, de s’inscrire aussi en un lieu que le poète déterminera lui-même après bien des questionnements et la résolution ou pas de bien des énigmes. Une trace sur le point de devenir écriture, parole écrite, « Juste pour ne pas se diluer tout à fait dans les tombes: passer plus loin, prendre la barque de l’Éternel, se confronter à Osiris. »
Au-delà de la question de trace, se pose aussi celle de la mémoire, de l’intérêt semble-t-il pour les homo sapiens que nous sommes de marquer les lieux de notre présence, de laisser un message, de transmettre par delà les générations une histoire.
« traduire comme un combat
aux heures carnassières
pour une conscience
au-delà de l’artificiel »
Plus loin, je lis:
« trajectoire au-delà du détail
au-delà du périssable »
Chez Luezior, je devine un attrait particulier pour la peinture, l’art pictural où l’artiste parvient à s’exprimer sans mot, simplement en les remplaçant par des couleurs, des formes sombres, obscures ou éclaboussées de lumière. Une grande partie de sa poésie s’attache à révéler ces liens d’amour entre ces diverses formes artistiques. Il insiste sur le plaisir matériel et charnelle de l’écriture. La poésie est aussi posée comme un acte.
Cet aspect de la poésie devenue geste créateur implique souvent une prise de position claire. Le créateur ne peut semble-t-il ignorer ou feindre d’ignorer ce qui se passe sous son nez, il a à prendre parti, se prononcer impérativement. Peut-il encore choisir le retrait et s’abstenir de proférer un jugement immédiat sans voir sa poésie se faire ranger parmi les expressions désuètes, absurdes, d’un autre temps? Peut-il encore proposer une autre configuration du temps « dans un monde où règne désormais la nanoseconde en sa dictature subtile »?
N’oublions pas non plus que la création poétique est un acte de résistance pour Luezior,
« Un refuge de mes délires, réceptacle pour naufragé à bout de houle (…) crique à mes égarements, ancrage qui vacille, caverne quand se figent les stalactites comme autant de points d’exclamation, voici mon refus d’être ce que vous attendiez de moi. »
« Le langage comme outil formidable de l’évolution » La créativité est « comme tatouée à l’âme, chevillée au corps ». Elle force la prise de conscience.
« Sur une route du sang, à défaut de soie, le grandissime Alexandre, Attila et Gengis Khan
Noire ou bubonique la peste s’est donnée du mal pour mieux faire. »
Écrire est aussi et surtout un acte de foi et d’amour, pour Claude Luezior. C’est ce que l’on découvre aussi dans la seconde partie de ce livre intitulée « Écritures ». Fait-il allusion par ce titre aux Saintes Écritures qui « dans le langage chrétien sont les paroles écrites et dites par les saints hommes de Dieu inspirés par le Saint-Esprit. »?
Je perçois plutôt ici un clin d’oeil humoristique de la part du poète qui ne se prend jamais pour un saint homme mais dont l’inspiration est d’ordre magique, fantastique. La poésie est jeux d’esprit, jeux de mots et manipulations joyeuses et amoureuses de la syntaxe. Elle est loin de s’adresser uniquement à quelques érudits, c’est le désir et la réussite de Claude Luezior.
© Lieven Callant
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Théâtre et Poésie => Poésie
Critique littéraire de Débézed (Denis Billamboz) , le 26 octobre 2022 (Besançon)
Ecrire pour vivre
Avant d’évoquer ce que j’ai trouvé dans ce recueil je voudrais déjà parler de l’objet livre : un magnifique ouvrage au format portrait, presque carré, orné de la photographie d’une magnifique peinture de Jean-Pierre Moulin. Le papier utilisé pour la couverture comme pour les pages intérieur est de très belle qualité, l’impression et la mise en pages sont très soignées, c’est presque un objet collector. Ce livre comme l’indique le titre comporte deux textes : un recueil de poésie en partie en prose et en partie en vers et un autre texte en forme d’essai sur l’écriture, l’art d’écrire, la raison, d’écrire, la manière d’écrire, tout ce qui apporte une motivation à l’écrivain et développe son talent potentiel.
Claude Luezior, je l’ai découvert il y a peu à travers la lecture de son P’tit Cactus, Emeutes, édité chez Cactus inébranlable éditions, un recueil d’aphorismes qui met bien valeur sa profonde culture et son art de jongler avec les mots. Dans le présent recueil, le texte poétique se décompose en deux parties : des poèmes en vers très courts écrits en caractères d’imprimerie et des textes en poésie en prose présentés en italique. La partie en prose semble servir à exposer l’esprit de ce qui suit en vers, comme si ces textes en prose introduisaient un nouveau chapitre, un nouveau thème, une partie d’un tout évoquant l’écriture, son histoire, l’art d’écrire, la finalité de l’écriture, la nécessité de l’écriture, … Tout ce que l’écriture apporte à la vie et tout ce qui rattache l’homme à l’écriture.
L’écriture c’est aussi un message que Claude lance avec force : « On me rebat les oreilles avec les robots et l’intelligence artificielle. / A quand les vraies oreilles pour entendre les cris des affamés ? … ». Claude en raconte l’histoire à travers sa poésie pour que les hommes comprennent le rôle qu’elle joue dans leur vie depuis l’origine de l’humanité, depuis que les hommes préhistoriques ont laissé des messages sur les parois des grottes. « Les dessins des cavernes ou ceux des pyramides ont survécu durant des millénaires, les volumes et codex, quelques siècles. Alors que les électrons de nos ordinateurs ne seront peut-être plus lisibles dans une vingtaine d’années ». Certains supports ne sont déjà plus lisibles aujourd’hui faute de matériel adapté pour les lire et certains langages informatiques sont déjà oubliés.
Ecrire est un art que la machine n’apprendra jamais, « Le langage du poète est tellement confidentiel qu’aucune notice « Secret », qu’aucun tampon « Défense » ne sera nécessaire ». Seul l’écriture manuelle peut conserver l’humanité nécessaire à la vie. Et peut-être que les poètes deviendront, dans un avenir incertain, les vedettes des années à venir. « Qui sait ? Robots et ordinateurs en convulseront d’envie. / je ne suis d’ailleurs pas sûr que les artisans de la plume d’oie en seront aise ».
Cet art d’écrire, Claude le possède à l’excellence, il l’expose dans ce texte où, comme il y a le fin du fin dans tout ce que nous pouvons évoquer, il y a de la poésie dans la poésie. J’ai pris cet exemple qui m’a particulièrement épaté : « A main feutrée, je profusionne des caresses que je dénoue au gré de tes courbes ». Son vocabulaire est d’une grande richesse : choix des mots exacts, les mieux adaptés au texte et à son sens, les plus éloquents, les plus précis mais aussi ceux qui coulent, sonnent le mieux dans la musique et le rythme du texte.
Ainsi, le texte de Claude est d’un parfait esthétisme, il est enchanteur est pourtant il comporte une dose d’amertume en évoquant le temps qui passe provoquant la déchéance physique. « Pour le salut / de leur corps // à l’abandon / sous mes yeux / dans mes mains // ce corps igné par l’insupportable / magie / coup de fouet / du dire // … ». Un certain agacement aussi devant l’humanité qui perd de plus en plus la sienne. « Mais pourquoi donc Dieu a-t-il légué à l’Homme sa folie inventive ? ». Ce texte a une dimension testamentaire, Claude, comme moi, a déjà vécu une partie conséquente de sa vie, il s’interroge sur ce qu’il est, ce qu’il a fait, ce que les hommes ont fait et feront encore, Pourquoi vivre ? Il questionne dans un poème,« Vivre ? », dont je ne cite qu’une partie : « Fleurir / … // rugir / … // courir / … // , souffrir / face aux décrépitudes qui sonnent la charge dans mes viscères / … ». Le corps faiblit, l’écriture accueille l’inquiétude, l’angoisse, la vision de la fin qui se profile de moins en moins loin. L’écriture et la vie se fondent dans une même fusion pour transmettre un message de vigilance, d’attention et d’espoir aussi aux générations futures. « … / pour que survive / en manière d’essentiel / nous avons calligraphié / sur l’épiderme de nos chairs / écrouelles, cicatrices / et spasmes insensés / que l’on appelle poésie ».
Et la poésie sera toujours la vie comme sous la plume de Claude Luezior
Denis Billamboz
in :www.lirepourleplaisir et www.critiqueslibres.com, oct 2022
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Une chronique de Lieven Callant
Claude Luezior, Sur les franges de l’essentiel, suivi de Écriture, Éditions Traversée,ISBN 9782931077047, 126 pages, 2022, 25€.
L’étoile la plus lointaine jamais détectée se situe à plus de 28 milliards d’années-lumière. Est-ce à ce niveau qu’il faut situer les franges de l’essentiel en sachant que l’étoile brillait déjà alors que notre univers n’était âgé que de 900 millions d’années et que pour nous parvenir la lumière de cette étoile a mis 12,9 milliards d’années. Il y a de quoi attraper le vertige pourtant, il faut l’admettre la poésie sous toutes ses formes agit souvent sur nous comme l’un de ces puissants télescopes. Elle transforme, bouscule nos appréhensions les plus diverses.
D’une certaine manière, dans la première partie de ce livre, Claude Luezior tente de circonscrire le domaine de la poésie, de guider son lecteur tout en guidant aussi celui qui écrit, transcrit, laisse une trace et crée. Il est bien question de marquer le temps, de s’inscrire aussi en un lieu que le poète déterminera lui-même après bien des questionnements et la résolution ou pas de bien des énigmes. Une trace sur le point de devenir écriture, parole écrite, « Juste pour ne pas se diluer tout à fait dans les tombes: passer plus loin, prendre la barque de l’Éternel, se confronter à Osiris. »
Au-delà de la question de trace, se pose aussi celle de la mémoire, de l’intérêt semble-t-il pour les homo sapiens que nous sommes de marquer les lieux de notre présence, de laisser un message, de transmettre par delà les générations une histoire.
« traduire comme un combat
aux heures carnassières
pour une conscience
au-delà de l’artificiel »
Plus loin, je lis:
« trajectoire au-delà du détail
au-delà du périssable »
Chez Luezior, je devine un attrait particulier pour la peinture, l’art pictural où l’artiste parvient à s’exprimer sans mot, simplement en les remplaçant par des couleurs, des formes sombres, obscures ou éclaboussées de lumière. Une grande partie de sa poésie s’attache à révéler ces liens d’amour entre ces diverses formes artistiques. Il insiste sur le plaisir matériel et charnelle de l’écriture. La poésie est aussi posée comme un acte.
Cet aspect de la poésie devenue geste créateur implique souvent une prise de position claire. Le créateur ne peut semble-t-il ignorer ou feindre d’ignorer ce qui se passe sous son nez, il a à prendre parti, se prononcer impérativement. Peut-il encore choisir le retrait et s’abstenir de proférer un jugement immédiat sans voir sa poésie se faire ranger parmi les expressions désuètes, absurdes, d’un autre temps? Peut-il encore proposer une autre configuration du temps « dans un monde où règne désormais la nanoseconde en sa dictature subtile »?
N’oublions pas non plus que la création poétique est un acte de résistance pour Luezior,
« Un refuge de mes délires, réceptacle pour naufragé à bout de houle (…) crique à mes égarements, ancrage qui vacille, caverne quand se figent les stalactites comme autant de points d’exclamation, voici mon refus d’être ce que vous attendiez de moi. »
« Le langage comme outil formidable de l’évolution » La créativité est « comme tatouée à l’âme, chevillée au corps ». Elle force la prise de conscience.
« Sur une route du sang, à défaut de soie, le grandissime Alexandre, Attila et Gengis Khan
Noire ou bubonique la peste s’est donnée du mal pour mieux faire. »
Écrire est aussi et surtout un acte de foi et d’amour, pour Claude Luezior. C’est ce que l’on découvre aussi dans la seconde partie de ce livre intitulée « Écritures ». Fait-il allusion par ce titre aux Saintes Écritures qui « dans le langage chrétien sont les paroles écrites et dites par les saints hommes de Dieu inspirés par le Saint-Esprit. »?
Je perçois plutôt ici un clin d’oeil humoristique de la part du poète qui ne se prend jamais pour un saint homme mais dont l’inspiration est d’ordre magique, fantastique. La poésie est jeux d’esprit, jeux de mots et manipulations joyeuses et amoureuses de la syntaxe. Elle est loin de s’adresser uniquement à quelques érudits, c’est le désir et la réussite de Claude Luezior.
© Lieven Callant
Jusqu’à la cendre par Claude Luezior. Librairie-Galerie Racine, 23 rue Racine, 75006 Paris. https://editions-lgr.fr
C’est une poésie violente pour un monde violent. C’est une poésie lumineuse pour un monde lumineux. Les opposés, qui ne viennent pas nécessairement en coïncidence, et les paradoxes de la vie, qui à la fois se multiplie et s’auto-détruit, sont comme le sang des poèmes de Claude Luezior.
Aucune facilité, aucune dérobade, aucun contournement, le choc du vivant qui ne cesse, de réplique en réplique, de s’étendre. Une dualité corrosive mais aussi créatrice. Art de mort et art de vie. Mais toujours la beauté, parfois ensanglantée.
(...)
Rémi Boyer : https://incoherism.wordpress.com/ (dérouler...)
Jusqu'à la Cendre C'est à pas feutrés que l'on entre dans Jusqu'à la cendre, happé dès les premières pages par le courant puissant de l'écriture poétique. Écriture précise, finement ciselée. Les mots, dont certains pénètrent en l'intime du lecteur avec une résonance intense, provoquent parfois comme une détonation... L'alternance de poèmes et de prose confère aux textes un rythme particulier. Comme une respiration nécessaire pour aller plus avant dans le courant du fleuve. On est entraîné, remué, secoué par cette lecture qui, évoquant des thèmes variés, est tissée autour d'une trame singulière : celle de l'humain jeté au cœur de la grande et mystérieuse Aventure, avec toute une palette d'émotions, de questionnements, d'incompréhensions, de cris et de désespoirs qu'elle ne peut que susciter. Mais aussi ces plages de douceur, de tendresse, d'amour qui s'offrent à celui qui se confronte à la merveille et à la terreur d'être humain : une épaule soutenante, un regard, des lèvres offertes... Cela, le poète le voit, le vit, le dit, au milieu de la réalité souvent douloureuse, incompréhensible et violente du monde... Posture poétique : celle qui témoigne de la vie, de son caractère précieux et qui, en même temps, s'insurge et dénonce ce qui va à son encontre et l'avilit, la détruit. Luezior est bien dans cet acte poétique : une poignée de notes, un poème jeté dans l'espace par un geste de danse, un tableau agitant ses reflets, la main d'une femme : entre nous, un jardin premier à portée de regard. Jean Mahler Couleurs Poésies 2 |
« JUSQU'À LA CENDRE », de Claude LUEZIOR
Ed. Librairie-Galerie-Racine, PARIS
Fulgurant ''JUSQU'À LA CENDRE'' : ce recueil de Claude LUEZIOR, préfacé par Nicole HARDOUIN, est illustré d'une magnifique œuvre du peintre Jean-Pierre MOULIN intitulée « Au delà du tunnel ».
Il faut savoir que l'art poétique de Claude Luezior se situe dans le domaine âpre et risqué du chercheur d'or : le poète y investigue un gisement intérieur, dont il connaît les failles et les ruissellements. Ou plutôt le jaillissement d'un magma dans lequel il fouille à mains nues. Ainsi la nuit prend-elle son incandescence. L'intériorité de l'écrivain à l'écoute des ébranlements du monde et des fissures de l'humain, provoque des turbulences dont nous avions senti les secousses sismiques lors du précédent recueil intitulé ''CLAMES''.
« JUSQU'À LA CENDRE », livre chauffé à blanc par la conscience de la finitude, brûle les flancs de la vie : conscience vive qui incendie car les scories et leurs dévers fertilisent le quotidien : en marge / de nos écritures / le goût acidulé / d'espaces (...) marge vierge / mais brûlante / où peut éclore / juste un graphe / de l'indicible (...) mot-clef / d'une parenthèse (p.23).
C'est un feu-témoin de nos faiblesses, un feu que l'on voit de loin. Signe des dieux en colère devant l'état spirituel du monde, cet embrasement se transmue en feu intérieur qui tourmente et épure le poète à l'écoute. Feu qui le torture de questions sans réponses et qui l'oblige à assembler ses mots à chaud, comme le ferait un orfèvre de l'indicible : '' éteindre en moi / ces restes d'incendie / qui ravagent ma peau / et couvent encore / les morsures/ de leurs exigences '' ( p.74).
L'homme est partagé entre cette brûlure intense de la quête poétique toujours renouvelée et le froid glacial de la solitude personnelle qui transforme le poète en mendiant de l'amour : ''décalque une fois encore / ces mots évanouis / qui nous ont fait vivre'' (p.60). Par bonheur, se présentent, au jour le jour, de petits miracles comme la contemplation tranquille d'un jardin tendre, dont la pudeur est rafraîchissante : ''au cadastre de la pluie, un escargot (...) et son désir de feuille (...) Pour elle seule ; une toute petite morsure d'amour''. Sans oublier, en embuscade : une épaule / peuplée de tendresse / pour trébucher / parfois (...) une épaule / qui respire / au gré d'un sein / tout juste issu / du paradis / (...) son épaule fertile / nourrissant / mes carences ( p.56 ).
Cette profonde partition pourrait avoir été écrite par un Berlioz pour la partie scandée en vers courts et puissants : ''violence / fracassée / que distillent / encore / les millénaires" (p.21) et par un Mozart pour une partie en prose, gravée en alternance, plus coulée, plus légère : "atteint de folie pure, le voici qui traduit le verbe en vin" ( p.40).
Jeanne CHAMPEL-GRENIER
Dessin à la mine de plomb par Jeanne Champel Grenier, d'après la 4e de couverture de Jusqu'à la cendre
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Claude LUEZIOR, Jusqu'à la cendre (préface de Nicole Hardouin)
Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018
Comme Ovide en ses Métamorphoses, Claude Luezior donne en ces lignes priorité au désir ("dévoile-moi/ l'épure sacrée/ de tes désirs"; "lèvre à lèvre/ découdre/ nos impudeurs"). Mais ce désir est ici en contact perpétuel avec la perte et la finitude. La sensualité demeure, forte, vive: ne serait-elle toutefois que baume passager sur des brûlures ô combien plus profondes ( "La jeune femme fait esquisse/ du plus beau des matins" débute le poème; "pleure l'esquisse/ d'une chair sans devenir" le termine...)
Eros n'est ainsi jamais très loin de Thanatos: la Beauté et la Mort couchées ensemble, tel est le regard du poète. Tel l'a toujours été dans son œuvre, mais on décèle cette fois une plus grande âpreté qu'à l'accoutumée ("la foule acide part/ à l'assaut des ombres"). Les holocaustes et les djihads se succèdent ("chairs tranchées/ cortège de suppliciés"; "la faucheuse/ hiberne/ dans les tranchées/ du désespoir"). Le monde de Claude Luezior est un monde vibrant où la beauté est l'un des noms de la détresse.
La poésie peut-elle alors être le territoire d'accueil pour nos blessures, se demande le poète. La langue est ici d'une souplesse peu commune et clouée à vif au bord permanent de la perte. Sur les "petits papiers" frères de ceux de Gainsbourg, les mots tournent, tremblent, s'égarent... Comme le dit Nicole Hardouin dans sa très belle préface, Claude Luezior "conduit sa meute de mots jusqu'au seuil de l'hallali". Mais les silences et les ombres planent tels la statue du Commandeur. Alors que peuvent ces mots, eux qui si souvent s'enivrent eux-mêmes pour se dissoudre à la toute fin, sans empreinte et sans mémoire? Peut-être rechercher une parole d'avant la parole, quête sans fin de l'insaisissable. En attendant, faisons en sorte que le mot le plus banal ouvre, en son usage, le champ des possibles.
Les poèmes de Claude Luezior sont finalement sur une ligne de crête, une fracture entre l'apparition du désir et l'annulation de la joie. Ils ont l'énergie lente des guetteurs, à la fois en accueil et en vigilance. Le poète a voyagé "jusqu'à la cendre" et ses pas, en elle, font trace.
Jean-Louis BERNARD
in : Interventions à Haute Voix
p.90, juillet 2019
***
« Jusqu’à la cendre » de Claude Luezior.
Préface de Nicole Hardouin. Illustration de Jean-Pierre Moulin. « Au-delà du tunnel. »
Editions – Librairie-Galerie-Racine, Paris.
Format 20,5 x 13. 89 pages.
Ce recueil « Jusqu’à la cendre » est à lui seul tout un univers à reconstituer, il a besoin d’une vraie chaleur au creux de la confidence.
Poèmes du silence, de l’intime, songe qui s’étire au fil de la nuit dans l’attente du lever du jour pour s’estomper dans la lumière.
Ce nouvel ouvrage poétique, continuité d’une déjà belle lignée est un condensé précieux qui se doit d’être décodé, il ne s’offre pas à qui le voudrait. Il faut le mériter, car il n’accepte pas les compromis et moins encore la promiscuité.
Le liminaire rédigé par Nicole Hardouin, une plume autorisée en la matière, nous situe avec moultes nuances et subtilités dans le contexte intime de l’ouvrage.
Claude Luezior use des formules et métaphores saisissantes, éblouissantes, celles de la voix d’un authentique poète, patrimoine très précieux aujourd’hui et qui tend à se raréfier.
Tel un druide s’adressant à son clan, il évoque nos errances fatales et égarements irresponsables.
Nous sommes dans l’incantation, le ressenti par le non révélé. Claude Luezior officie lorsqu’il écrit le poème, il se jumelle à l’acte de création « poësis. »
Beau duo et accouplement, mariage d’écriture entre poésie libérée et prose poétique.
Poésie libérée n’est pas un vain mot, car elle s’émancipe de toutes règles contraignantes et de ponctuations, nous rejoignons ici la « liberté libre » d’un certain Arthur Rimbaud.
Claude Luezior nous fait pénétrer dans le mystère révélateur, sorte de voie initiatique qui nous conduit sur les marches d’un autel où les vies sont fragilisées.
« .../...nos asphyxies au pas, la tessiture
de nos voix en chamade
elles vibrent désormais
sur les vertiges d’un silence. »
Images délicates où un bourgeon, une fleur peuvent se trouver subtilement assimilés au désir d’aimer et au symbole sexuel, à l’instant extatique.
Ici le poème s’intègre, s’associe aux effets de la prière. Peut-être est-il la prière de l’agnostique, celui qui s’élève au dessus de la dogmatique, l’apanage des religions.
Le poète est bien ce sage qui laboure les âmes pour les fertiliser de liberté !
Constat amer de voir la lumière des « Lumières » s’obscurcir devant l’ignorance, l’archaïsme, et l’intolérance aveugle de certaines « religions » dignes du plus sombre de l’inquisition. L’histoire, c’est à croire ne sert à rien, se répète et cache toujours de possibles holocaustes en devenir.
« .../...histoire
effrangée
par deux mille ans
mais terreau
de mille autres
holocaustes. »
Fabrique de pseudos combattants d’un « Dieu » aliéné, distillant leurs haines et mépris sur un Occident crédule qui les entretient et les nourrit.
« .../... d’un Dieu cambriolé
tu en distilles l’intolérance
les massacres aveugles
et les inclinaisons obscures.../... »
« Frère au pays des Hommes ?
peut-être devras-tu, toi aussi
réapprendre un jour à m’aimer ? »
Pour le sourire car nous ne pouvons pas vivre trop dans le sérieux, ni la gravité, alors nous découvrons le petit coté fabuliste coincé entre une salade et un escargot juste le temps
d’« une petite morsure d’amour. »
Oui, osons nous enivrer de sa poésie en sa globalité car : « Atteint de folie pure, le voici qui traduit le verbe en vin ». Bravo poète ! vous voilà digne de vos frères d’infortune tous un peu disciples de Bacchus ou sympathisants de Rabelais, tout va donc pour le mieux car la vie reprend ses droits.
La nécessité d’écrire s’apparente à un état de survie, de témoignages, de laisser un signe, une trace, sur la pierre noircie de la grotte de l’humanité.
« Comme pour laisser une empreinte.
Jusqu’au sang. »
Le monde des artistes-peintres fut toujours l’objet d’une grande passion et partage. Je me souviens d’ailleurs de remarquables ouvrages d’art sur des artistes majeurs tels Jacques Biolley, Pavlina, Armand Niquille, Guy Breniaux, etc…qui furent pour certains couronnés par le Cénacle Européen des Arts et des Lettres francophones.
Ici notre poète ne déroge pas à la règle et leur rend le plus bel hommage, sorte de poudroiement d’éternité sur les peintures de ses rêves et de sa foi.
« C’est une toile vulnérable, clouée au chevalet de l’impensable où gisent pointes, pinceaux et instruments d’une passion. »
Parfois nous rencontrons une note d’hermétisme, de symbolisme qui peut nous plonger encore plus loin dans le mystère de la poésie, c’est à cette croisée précise que nous découvrons l’alchimiste du Verbe, le même très certainement que celui que l’on trouve dans son œuvre « Mystères de cathédrales. »
A ce stade d’investigation, il ne vous reste plus qu’à trouver le code qui vous ouvrira la porte du temple de la poésie de Claude Luezior et vous y plonger « Jusqu’à la cendre. »
Michel Bénard
Lauréat de l’Académie française
Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres
***
*****
Claude LUEZIOR, Jusqu'à la cendre (préface de Nicole Hardouin)
Librairie-Galerie Racine, Paris, 2018
Comme Ovide en ses Métamorphoses, Claude Luezior donne en ces lignes priorité au désir ("dévoile-moi/ l'épure sacrée/ de tes désirs"; "lèvre à lèvre/ découdre/ nos impudeurs"). Mais ce désir est ici en contact perpétuel avec la perte et la finitude. La sensualité demeure, forte, vive: ne serait-elle toutefois que baume passager sur des brûlures ô combien plus profondes ( "La jeune femme fait esquisse/ du plus beau des matins" débute le poème; "pleure l'esquisse/ d'une chair sans devenir" le termine...)
Eros n'est ainsi jamais très loin de Thanatos: la Beauté et la Mort couchées ensemble, tel est le regard du poète. Tel l'a toujours été dans son œuvre, mais on décèle cette fois une plus grande âpreté qu'à l'accoutumée ("la foule acide part/ à l'assaut des ombres"). Les holocaustes et les djihads se succèdent ("chairs tranchées/ cortège de suppliciés"; "la faucheuse/ hiberne/ dans les tranchées/ du désespoir"). Le monde de Claude Luezior est un monde vibrant où la beauté est l'un des noms de la détresse.
La poésie peut-elle alors être le territoire d'accueil pour nos blessures, se demande le poète. La langue est ici d'une souplesse peu commune et clouée à vif au bord permanent de la perte. Sur les "petits papiers" frères de ceux de Gainsbourg, les mots tournent, tremblent, s'égarent... Comme le dit Nicole Hardouin dans sa très belle préface, Claude Luezior "conduit sa meute de mots jusqu'au seuil de l'hallali". Mais les silences et les ombres planent tels la statue du Commandeur. Alors que peuvent ces mots, eux qui si souvent s'enivrent eux-mêmes pour se dissoudre à la toute fin, sans empreinte et sans mémoire? Peut-être rechercher une parole d'avant la parole, quête sans fin de l'insaisissable. En attendant, faisons en sorte que le mot le plus banal ouvre, en son usage, le champ des possibles.
Les poèmes de Claude Luezior sont finalement sur une ligne de crête, une fracture entre l'apparition du désir et l'annulation de la joie. Ils ont l'énergie lente des guetteurs, à la fois en accueil et en vigilance. Le poète a voyagé "jusqu'à la cendre" et ses pas, en elle, font trace.
Jean-Louis BERNARD
in : Interventions à Haute Voix
p.90, juillet 2019
***
« Jusqu’à la cendre » de Claude Luezior.
Préface de Nicole Hardouin. Illustration de Jean-Pierre Moulin. « Au-delà du tunnel. »
Editions – Librairie-Galerie-Racine, Paris.
Format 20,5 x 13. 89 pages.
Ce recueil « Jusqu’à la cendre » est à lui seul tout un univers à reconstituer, il a besoin d’une vraie chaleur au creux de la confidence.
Poèmes du silence, de l’intime, songe qui s’étire au fil de la nuit dans l’attente du lever du jour pour s’estomper dans la lumière.
Ce nouvel ouvrage poétique, continuité d’une déjà belle lignée est un condensé précieux qui se doit d’être décodé, il ne s’offre pas à qui le voudrait. Il faut le mériter, car il n’accepte pas les compromis et moins encore la promiscuité.
Le liminaire rédigé par Nicole Hardouin, une plume autorisée en la matière, nous situe avec moultes nuances et subtilités dans le contexte intime de l’ouvrage.
Claude Luezior use des formules et métaphores saisissantes, éblouissantes, celles de la voix d’un authentique poète, patrimoine très précieux aujourd’hui et qui tend à se raréfier.
Tel un druide s’adressant à son clan, il évoque nos errances fatales et égarements irresponsables.
Nous sommes dans l’incantation, le ressenti par le non révélé. Claude Luezior officie lorsqu’il écrit le poème, il se jumelle à l’acte de création « poësis. »
Beau duo et accouplement, mariage d’écriture entre poésie libérée et prose poétique.
Poésie libérée n’est pas un vain mot, car elle s’émancipe de toutes règles contraignantes et de ponctuations, nous rejoignons ici la « liberté libre » d’un certain Arthur Rimbaud.
Claude Luezior nous fait pénétrer dans le mystère révélateur, sorte de voie initiatique qui nous conduit sur les marches d’un autel où les vies sont fragilisées.
« .../...nos asphyxies au pas, la tessiture
de nos voix en chamade
elles vibrent désormais
sur les vertiges d’un silence. »
Images délicates où un bourgeon, une fleur peuvent se trouver subtilement assimilés au désir d’aimer et au symbole sexuel, à l’instant extatique.
Ici le poème s’intègre, s’associe aux effets de la prière. Peut-être est-il la prière de l’agnostique, celui qui s’élève au dessus de la dogmatique, l’apanage des religions.
Le poète est bien ce sage qui laboure les âmes pour les fertiliser de liberté !
Constat amer de voir la lumière des « Lumières » s’obscurcir devant l’ignorance, l’archaïsme, et l’intolérance aveugle de certaines « religions » dignes du plus sombre de l’inquisition. L’histoire, c’est à croire ne sert à rien, se répète et cache toujours de possibles holocaustes en devenir.
« .../...histoire
effrangée
par deux mille ans
mais terreau
de mille autres
holocaustes. »
Fabrique de pseudos combattants d’un « Dieu » aliéné, distillant leurs haines et mépris sur un Occident crédule qui les entretient et les nourrit.
« .../... d’un Dieu cambriolé
tu en distilles l’intolérance
les massacres aveugles
et les inclinaisons obscures.../... »
« Frère au pays des Hommes ?
peut-être devras-tu, toi aussi
réapprendre un jour à m’aimer ? »
Pour le sourire car nous ne pouvons pas vivre trop dans le sérieux, ni la gravité, alors nous découvrons le petit coté fabuliste coincé entre une salade et un escargot juste le temps
d’« une petite morsure d’amour. »
Oui, osons nous enivrer de sa poésie en sa globalité car : « Atteint de folie pure, le voici qui traduit le verbe en vin ». Bravo poète ! vous voilà digne de vos frères d’infortune tous un peu disciples de Bacchus ou sympathisants de Rabelais, tout va donc pour le mieux car la vie reprend ses droits.
La nécessité d’écrire s’apparente à un état de survie, de témoignages, de laisser un signe, une trace, sur la pierre noircie de la grotte de l’humanité.
« Comme pour laisser une empreinte.
Jusqu’au sang. »
Le monde des artistes-peintres fut toujours l’objet d’une grande passion et partage. Je me souviens d’ailleurs de remarquables ouvrages d’art sur des artistes majeurs tels Jacques Biolley, Pavlina, Armand Niquille, Guy Breniaux, etc…qui furent pour certains couronnés par le Cénacle Européen des Arts et des Lettres francophones.
Ici notre poète ne déroge pas à la règle et leur rend le plus bel hommage, sorte de poudroiement d’éternité sur les peintures de ses rêves et de sa foi.
« C’est une toile vulnérable, clouée au chevalet de l’impensable où gisent pointes, pinceaux et instruments d’une passion. »
Parfois nous rencontrons une note d’hermétisme, de symbolisme qui peut nous plonger encore plus loin dans le mystère de la poésie, c’est à cette croisée précise que nous découvrons l’alchimiste du Verbe, le même très certainement que celui que l’on trouve dans son œuvre « Mystères de cathédrales. »
A ce stade d’investigation, il ne vous reste plus qu’à trouver le code qui vous ouvrira la porte du temple de la poésie de Claude Luezior et vous y plonger « Jusqu’à la cendre. »
Michel Bénard
Lauréat de l’Académie française
Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres
***
JUSQU’À LA CENDRE de Claude Luezior, préface de Nicole Hardouin, tableau de Jean-Pierre Moulin, Editions Librairie-Galerie Racine, Paris, 92 pages
ISBN : 978-2-2430-4733-2
Que nous annonce ce titre qui résonne comme une prédiction divine ? Qui ou quoi sera brûlé ?
Le lecteur serait-il convié à une croisade de l’âme ?
Chevauchant de page en page, sabre au clair, le poète va au devant de la souffrance pour mieux l’affronter, qu’elle soit sienne ou celle de l’autre. Sa main « … combat/jusqu’à l’ultime phalange//à la plume, au couteau/et jusque la trame/pour une flaque de lumière… » Il ne se contente pas de vouloir « éteindre en moi/ces restes d’incendie/qui ravage ma peau… » mais au contraire, c’est l’humanité qu’il interpelle pour « entendre ensemble/ces révoltes, ces brandons/qui nous ont fait vivre/avant l’autre voyage/ pour lequel on oublie/son passeport dernier ».
Des appels à la résistance qui peuvent être parfois bien ciblés car « le scribe sans relâche/bouscule ses impasses ». À qui, si ce n’est à tous les poètes, recommande-t-il de « résister/aux gardiens du Temple/à ceux qui vocifèrent/leurs lois et leurs chaînes ». Mais il arrive aussi que les malheurs ne suscitent qu’indignation et colère : la guerre, comme en 14/18, quand «devant soi/se hérisse/la mitraille//cela/tout cela/pour un arpent/ de terre sale ». Le Djihad dont les « vengeances poisseuses/ne sont que reliefs d’une haine/pour fanatiques vidés d’esprit ». Alors le poète face à « … la liturgie d’une guerre que d’obscurs criminels barbouillent de sainteté », suggère une issue aussi belle que sage : « Frère au pays des Hommes,/peut-être devras-tu, toi aussi/réapprendre un jour à m’aimer ?
Pour raviver la mémoire des peuples, pourquoi pas une visite aux catacombes, là où s’empilent les épisodes mortuaires de l’histoire du monde, « violence/fracassée/que distillent/encore/les millénaires//violence clandestine/perdue/éperdue/enfouie dans le sol ». Ne pas oublier car c’est là « … le terreau de mille autres holocaustes ». Le poète avoue sa profonde compassion pour les martyres « alter ego/que l’on massacre/au nom d’une race/dite pure//comment prétendre/désormais/faire partie/du clan/homo sapiens ? » L’amour sans doute saura nous y ramener, l’amour et ses mots à la délicieuse saveur. « … je t’écrirai ces mots/de mes lèvres humides/comme pour effacer le voile/qu’un désir encore humecte (…) je dénouerai mes syllabes (…) je t ‘écrirai l’inachevé/au seuil d’une page/que l’absence épuise ». Et la force des mots, « ces mots portant fièvre/que l’on hume/tel un alcool de contrebande », fait s’épanouir les sentiments.
Grâce à eux naît le poète « … cet être qui lacère ses idées de mots étranges, conjuguant souvent verticalité, rimes et rythmes qui donnent à sa parole un air de prière ou de chanson. » Pourtant, cette virtuosité n’exclut nullement le doute au point d’envisager l’inutile, de frôler le reniement, « Inépuisable kaléidoscope du verbe qui s’effrite et se délite, pour finalement ne rien dire, ou si peu. » Or, au fil des pages, les mots du poètes ne cessent de s’opposer à ce doute. Ainsi, par exemple, comment ne pas comprendre la signification de cette métaphore de la séparation, « au seuil/de ton abbatiale/suis-je l’unique/défroqué ? » Ou encore, peut-on ignorer que le poète rend les armes au désir quand il écrit « déplier/petit à petit/ses vertiges/de femme//et noyer ma bouche à ses nectars de Messaline ».
A l’instar d’une femme, un mot peut rendre fou le poète au point de lui consacrer plusieurs pages. Tel le mot « papier » et ses innombrables duos, prétextes à de courts récits incisifs. Par exemple : « faux papier/sans papiers//leurs mots sans foi ni loi, sans poche ni frontière, pour poètes à l’abandon et migrants en quête de liberté ».
Rien d’étonnant non plus à ce que le poète nous avoue qu’il est prêt à « combattre, la fleur au fusil, la plume en bandoulière, juste pour défendre un recueil de poèmes. » Mais en ouvrant le livre, le lecteur doit s’attendre à découvrir bien d’autres combats pour repousser le mal comme pour accepter le bien, cruel paradoxe, fondement de l’humanité. C’est le journal d’une véritable épopée que nous livre le poète, celle d’une vie où doit se concilier raison et émotions. Cette dualité se manifeste, entre autre, par l’usage en alternance de la verticalité de la poésie et de la prose poétique. Jusqu’à la dernière page, l’intensité émotionnelle ne faiblit pas et provoque chez le lecteur un désir de recueillement, quelque chose comme « un silence d’après l’amour, où le monde se résume en respiration partagées. »
©Kathleen HYDEN-DAVID
ISBN : 978-2-2430-4733-2
Que nous annonce ce titre qui résonne comme une prédiction divine ? Qui ou quoi sera brûlé ?
Le lecteur serait-il convié à une croisade de l’âme ?
Chevauchant de page en page, sabre au clair, le poète va au devant de la souffrance pour mieux l’affronter, qu’elle soit sienne ou celle de l’autre. Sa main « … combat/jusqu’à l’ultime phalange//à la plume, au couteau/et jusque la trame/pour une flaque de lumière… » Il ne se contente pas de vouloir « éteindre en moi/ces restes d’incendie/qui ravage ma peau… » mais au contraire, c’est l’humanité qu’il interpelle pour « entendre ensemble/ces révoltes, ces brandons/qui nous ont fait vivre/avant l’autre voyage/ pour lequel on oublie/son passeport dernier ».
Des appels à la résistance qui peuvent être parfois bien ciblés car « le scribe sans relâche/bouscule ses impasses ». À qui, si ce n’est à tous les poètes, recommande-t-il de « résister/aux gardiens du Temple/à ceux qui vocifèrent/leurs lois et leurs chaînes ». Mais il arrive aussi que les malheurs ne suscitent qu’indignation et colère : la guerre, comme en 14/18, quand «devant soi/se hérisse/la mitraille//cela/tout cela/pour un arpent/ de terre sale ». Le Djihad dont les « vengeances poisseuses/ne sont que reliefs d’une haine/pour fanatiques vidés d’esprit ». Alors le poète face à « … la liturgie d’une guerre que d’obscurs criminels barbouillent de sainteté », suggère une issue aussi belle que sage : « Frère au pays des Hommes,/peut-être devras-tu, toi aussi/réapprendre un jour à m’aimer ?
Pour raviver la mémoire des peuples, pourquoi pas une visite aux catacombes, là où s’empilent les épisodes mortuaires de l’histoire du monde, « violence/fracassée/que distillent/encore/les millénaires//violence clandestine/perdue/éperdue/enfouie dans le sol ». Ne pas oublier car c’est là « … le terreau de mille autres holocaustes ». Le poète avoue sa profonde compassion pour les martyres « alter ego/que l’on massacre/au nom d’une race/dite pure//comment prétendre/désormais/faire partie/du clan/homo sapiens ? » L’amour sans doute saura nous y ramener, l’amour et ses mots à la délicieuse saveur. « … je t’écrirai ces mots/de mes lèvres humides/comme pour effacer le voile/qu’un désir encore humecte (…) je dénouerai mes syllabes (…) je t ‘écrirai l’inachevé/au seuil d’une page/que l’absence épuise ». Et la force des mots, « ces mots portant fièvre/que l’on hume/tel un alcool de contrebande », fait s’épanouir les sentiments.
Grâce à eux naît le poète « … cet être qui lacère ses idées de mots étranges, conjuguant souvent verticalité, rimes et rythmes qui donnent à sa parole un air de prière ou de chanson. » Pourtant, cette virtuosité n’exclut nullement le doute au point d’envisager l’inutile, de frôler le reniement, « Inépuisable kaléidoscope du verbe qui s’effrite et se délite, pour finalement ne rien dire, ou si peu. » Or, au fil des pages, les mots du poètes ne cessent de s’opposer à ce doute. Ainsi, par exemple, comment ne pas comprendre la signification de cette métaphore de la séparation, « au seuil/de ton abbatiale/suis-je l’unique/défroqué ? » Ou encore, peut-on ignorer que le poète rend les armes au désir quand il écrit « déplier/petit à petit/ses vertiges/de femme//et noyer ma bouche à ses nectars de Messaline ».
A l’instar d’une femme, un mot peut rendre fou le poète au point de lui consacrer plusieurs pages. Tel le mot « papier » et ses innombrables duos, prétextes à de courts récits incisifs. Par exemple : « faux papier/sans papiers//leurs mots sans foi ni loi, sans poche ni frontière, pour poètes à l’abandon et migrants en quête de liberté ».
Rien d’étonnant non plus à ce que le poète nous avoue qu’il est prêt à « combattre, la fleur au fusil, la plume en bandoulière, juste pour défendre un recueil de poèmes. » Mais en ouvrant le livre, le lecteur doit s’attendre à découvrir bien d’autres combats pour repousser le mal comme pour accepter le bien, cruel paradoxe, fondement de l’humanité. C’est le journal d’une véritable épopée que nous livre le poète, celle d’une vie où doit se concilier raison et émotions. Cette dualité se manifeste, entre autre, par l’usage en alternance de la verticalité de la poésie et de la prose poétique. Jusqu’à la dernière page, l’intensité émotionnelle ne faiblit pas et provoque chez le lecteur un désir de recueillement, quelque chose comme « un silence d’après l’amour, où le monde se résume en respiration partagées. »
©Kathleen HYDEN-DAVID
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CLAMES
poèmes à dire
slams de Claude Luezior, Ed. tituli, Paris, nov. 2017
slams de Claude Luezior, Ed. tituli, Paris, nov. 2017
https://revue-traversees.com/2017/11/28/clames-poemes-a-dire-claude-luezior-editions-tituli-paris-2017/
https://revue-traversees.com/2018/12/28/claude-luezior-clames-librairie-editions-tituli-paris-format-21x14-nombre-de-pages-82/
feuilleter extraits (double-cliquer) :
http://www.tituli.fr/catalog/product/view/id/104/s/clames/category/3/ ou:
https://www.cultura.com/clames-tea-9782373650853.html
https://revue-traversees.com/2018/12/28/claude-luezior-clames-librairie-editions-tituli-paris-format-21x14-nombre-de-pages-82/
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http://www.tituli.fr/catalog/product/view/id/104/s/clames/category/3/ ou:
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HEURTOIR (survivre) Je heurte Parce que je suis heurtoir à cette porte presque morte où résonnent les gonds de vaines purifications Je heurte Parce que je suis heurtoir sur la fracture sur les blessures où vibrent mes suppliques et mes prières faméliques Je heurte Parce que je suis heurtoir et m’agenouille sombre fripouille à l’échancrure des souvenances aux éboulis des insolences Je heurte Parce que je suis heurtoir est-elle encore si farouche ou orpheline, ma manouche ou dans les bras, belle grivoise d’un prince qui l’apprivoise Je heurte Parce que je suis heurtoir ma pogne se boursoufle sur ce cœur que je maroufle de mes cris sans blasphème de mes râles qui s’enchaînent Je heurte Parce que je suis heurtoir à cet airain d’outre-tombe au chaos d’une catacombe où mes rêves hallucinent après la marche des guillotines Je heurte Parce que je suis heurtoir pour qu’elle m’ouvre sa croupe pour qu’elle découvre ma coupe Je heurte Parce que je suis heurtoir et je heurte heurte sans tympan et je heurte jusqu’au sang Claude Luezior © Ed. tituli, Paris http://www.tituli.fr/ |
BATTENTE (sopravvivere) Io batto Perchè sono un battente a questa porta quasi morta dove risuonano i cardini di vane purificazioni Io batto Perché sono un battente sulle fratture sulle ferite dove vibrano le mie suppliche e le mie preghiere fameliche Io batto Perché sono un battente e m’inginocchio mascalzone oscuro ai ritagli delle ricordanze ai grani dell’insolenze Io batto Perché sono un battente lei è ancora così feroce o orfana, la mia zingara o nelle braccia di una impertinente d’un principe che l’addomestica Io batto Perché sono un battente il mio pugno si scalda su quell cuore che sto schiaffeggiando delle mie grida senza bestemmie dei miei binari che si susseguono Io batto Perché sono un battente al bronzo d’un oltretomba nel caos d’una catacomba dove i miei sogni allucinanti seguono il cammino dei ghigliottinati Io batto Perché sono un battente affinché lei mi apra la sua groppa perchè lei scopra la mia coppa Io batto Perché sono un battente e batto batto senza timpano e batto fino al sangue Traduction en italien : ©Francesco Casuscelli http://www.larecherche.it/testo.asp?Tabella=Proposta_Poesia&Id=3589 |
Claude LUEZIOR
« CLAMES, poèmes à dire », aux Editions TITULI - Paris
Recension de Philippe Veyrunes, Les Amis de Thalie, juin 2018
Avis aux amateurs ! Dans son dernier recueil poétique« CLAMES - poèmes à dire »>, l'écrivain suisse Claude LUEZIOR se place d'emblée dans un cousinage littéraire avec le << slam >>, en jouant de la quasi-homonymie du titre de_l'ouvrage. Un cousinage nuancé, toutefois, car si Claude revendique l'oralité de ses textes, dans la tradition séculaire des bardes, chamans et autres diseurs, il avoue quelques réserves à l'égard du slam ou plutôt des dérives de cegenre contemporain et novateur, pour lequel certains, comme pour le rap, ont cédé un peu trop vite, tant sur la forme que sur le fond, aux facilités de la spontanéité, et aussi aux sirènes de la diction libre.
Quoi qu'il en soit, ces vingt-huit textes du recueil, au-delà de la simple lecture, se veulent autant de << coups de poing » à asséner verbalement, par une diction adéquate, facilitée par le phrasé de leur auteur. Les rythmes rapides et saccadés y sont en effet nourris par des vers courts, très courts, parfois réduits à un seul mot, et l'auteur joue avec brio de l'allitération, de l'assonance, de l'anaphore, de la rime riche - parfois inattendue, et de tous les jeux de sonorités possibles.
L'adéquation de la forme et du fond est omniprésente, comme pour mieux faire ressortir le mordant, la tonalité satirique et la volonté persuasive des idées exprimées. Beaucoup de ces textes (EPURATION, SANS INDECENCE, LIBERTE, DJIHAD etc...) expriment en effet une vision parfois hallucinée des défauts, tares, fautes, nuisances et imperfections de la société actuelle. Citons : « An un : voici ma nouvelle ville (...) des menottes pour chacun », « Assez de ces brutes(...) assez des canonnades », « Voilà qu'ils m'écrouent, me désavouent, me bafouent (...) moi, le sans-culotte »...
Heureusement, dans d'autres textes (CONTREPOINT, ANTIDOTE, ULTIME, etc...), l'auteur tempère l'ensemble par une vision plus optimiste de la vie et quelque confiance en l'avenir: « Antidote au crépuscule, un rossignol qui appelle », <tle printemps débarque sans détours, avec sa marmaille d'oiseaux, sa fleur au fusil et son air de Gavroche immature », (...) « N'en déplaise à ton ingratitude longuement, j'aimerai tes vermeils »...
Ajoutons que les Editions Tituli, qui ont réalisé l'ouvrage, animent et gèrent une librairie-galerie au 142, rue de Rennes, 75006 PARIS.
CLAMES
Poèmes à dire
CLAUDE LUEZIOR, éditions tituli, Paris. 2017
Mais quel est donc ce nouveau daïmon qui enfièvre Luezior ?
En effet, dans tous les recueils précédents, l’auteur, avec son sens inné de l’image, est oiseleur qui, dans des plissés de douceur, origine des houles de rêve. Glaneur d’arc-en-ciel, entre vacillements de cierges et odeurs d’encens, il bat les cartes d’un jeu de songes dans des bourrasques de sensualité et s’avance à pas de chartreux. Ici, dans Clames, on est de prime abord surpris, voire interloqué, devant ce choc des mots que le poète martèle avec un bonheur évident et heureux : elle / disloque / croque / escroque / révoque. Les phrases courtes, réduites au maximum. Elles sont des coups de gond qui résonnent, des coups de poing qui font des bleus à la voix car, instinctivement, comme à l’écoute d’un slam on se laisse emporter par ce rythme : ici pulse le besoin du dire.
Sabre au clair, les mots en débord moissonnent le souffle, sortent de la page. Le lecteur devient orateur, il scande : coupe / mes coups de sang / coupe mes poignes / découvre ta croupe. C’est une armée au pas de charge qui sonne la diane, dévale les pentes du livre et monte à l’assaut de celui qui lit : je heurte / Parce que je suis heurtoir et m’agenouille/ sombre fripouille / à l’échancrure des souvenances (...) et je heurte / heurte sans tympan / et je heurte / jusqu’au sang.
Mots qui fustigent, fouettent : assez / de ces scandales / de ces vandales / qui empalent mes vestales. Mots volcans, lave sur les dérives du quotidien : c’est clair / les bijoux / de pacotille / transpercent / les chairs (...) se faire marquer : comme si l’on n’avait / pas asse tatoué / les suppliciés / aux camps / des condamnés. Mots guillotines : c’est clair / on a proclamé : les déchets / œuvre d’art / et les détritus / sur fonds sprayés / sont glorioles / pour discours / esthétisés.
Malgré soi, par la puissance de ce dire, on s’enrôle dans la troupe marche. Et soudain, ici et là, quand on s’y attend le moins, lorsque le vent s’apaise, Luezior pose son bivouac pour se laisser glisser : peut-être le temps est venu, le temps où l’on respire d’autres rêves. Le poète passionné ouvre sa besace. À la lumière d'un phare lointain, une sirène passe : il rêve d’écailles et filtre une confidence aux yeux de salamandre : Ne t’en déplaise / j’aimerai / seul sous la treille / l’ombre de tes soleils / j’aimerai tes vermeils. Dans sa nuit, les étoiles laissent glisser l’humour : à la fripe / j’ai mis / quelques reliques / de participes / trop passés. Dans la fragilité de ses chimères, il déploie les ailes des libellules au tulle de ses pensées, il sait qu’une lueur pointe toujours au-delà du noir. Entre un nuage et une ombre, disons avec le chantre : buvez / comme le rouge-gorge / buvez / de vos lèvres / jusqu’à ce que vie / s’en suive / et surtout / buvez- moi.
Claude Luezior est à la fois marbre et sculpteur, il incendie ses vaisseaux avec élégance, parfois à contre-courant mais jamais à contre-cœur, il écrit sur le sable mouvant de la vie avec joie et douleur : dialogue avec l’ange, mais aussi dialogue avec ces riens tantôt sublimes, tantôt insalubres. Gênes de sang au calice de l’offrande.
Avec le poète clamons ses « Clames » au miroir / du puits / où culbutent / nos songes.
Nicole Hardouin
Pour mémoire, les éditions tituli ont sorti en 2016 Une dernière brassée de lettres du même auteur.
Poèmes à dire
CLAUDE LUEZIOR, éditions tituli, Paris. 2017
Mais quel est donc ce nouveau daïmon qui enfièvre Luezior ?
En effet, dans tous les recueils précédents, l’auteur, avec son sens inné de l’image, est oiseleur qui, dans des plissés de douceur, origine des houles de rêve. Glaneur d’arc-en-ciel, entre vacillements de cierges et odeurs d’encens, il bat les cartes d’un jeu de songes dans des bourrasques de sensualité et s’avance à pas de chartreux. Ici, dans Clames, on est de prime abord surpris, voire interloqué, devant ce choc des mots que le poète martèle avec un bonheur évident et heureux : elle / disloque / croque / escroque / révoque. Les phrases courtes, réduites au maximum. Elles sont des coups de gond qui résonnent, des coups de poing qui font des bleus à la voix car, instinctivement, comme à l’écoute d’un slam on se laisse emporter par ce rythme : ici pulse le besoin du dire.
Sabre au clair, les mots en débord moissonnent le souffle, sortent de la page. Le lecteur devient orateur, il scande : coupe / mes coups de sang / coupe mes poignes / découvre ta croupe. C’est une armée au pas de charge qui sonne la diane, dévale les pentes du livre et monte à l’assaut de celui qui lit : je heurte / Parce que je suis heurtoir et m’agenouille/ sombre fripouille / à l’échancrure des souvenances (...) et je heurte / heurte sans tympan / et je heurte / jusqu’au sang.
Mots qui fustigent, fouettent : assez / de ces scandales / de ces vandales / qui empalent mes vestales. Mots volcans, lave sur les dérives du quotidien : c’est clair / les bijoux / de pacotille / transpercent / les chairs (...) se faire marquer : comme si l’on n’avait / pas asse tatoué / les suppliciés / aux camps / des condamnés. Mots guillotines : c’est clair / on a proclamé : les déchets / œuvre d’art / et les détritus / sur fonds sprayés / sont glorioles / pour discours / esthétisés.
Malgré soi, par la puissance de ce dire, on s’enrôle dans la troupe marche. Et soudain, ici et là, quand on s’y attend le moins, lorsque le vent s’apaise, Luezior pose son bivouac pour se laisser glisser : peut-être le temps est venu, le temps où l’on respire d’autres rêves. Le poète passionné ouvre sa besace. À la lumière d'un phare lointain, une sirène passe : il rêve d’écailles et filtre une confidence aux yeux de salamandre : Ne t’en déplaise / j’aimerai / seul sous la treille / l’ombre de tes soleils / j’aimerai tes vermeils. Dans sa nuit, les étoiles laissent glisser l’humour : à la fripe / j’ai mis / quelques reliques / de participes / trop passés. Dans la fragilité de ses chimères, il déploie les ailes des libellules au tulle de ses pensées, il sait qu’une lueur pointe toujours au-delà du noir. Entre un nuage et une ombre, disons avec le chantre : buvez / comme le rouge-gorge / buvez / de vos lèvres / jusqu’à ce que vie / s’en suive / et surtout / buvez- moi.
Claude Luezior est à la fois marbre et sculpteur, il incendie ses vaisseaux avec élégance, parfois à contre-courant mais jamais à contre-cœur, il écrit sur le sable mouvant de la vie avec joie et douleur : dialogue avec l’ange, mais aussi dialogue avec ces riens tantôt sublimes, tantôt insalubres. Gênes de sang au calice de l’offrande.
Avec le poète clamons ses « Clames » au miroir / du puits / où culbutent / nos songes.
Nicole Hardouin
Pour mémoire, les éditions tituli ont sorti en 2016 Une dernière brassée de lettres du même auteur.
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TRILOGIE LUEZIOR 2015 : Dans la voie lactée du dire...
Si l’on se souvient de ce qu’écrivait Ernest Pischari, petit-fils de Renan, le silence est un peu de ciel descendu sur la terre, on peut penser que le poète CLAUDE LUEZIOR solfie la musique des sphères pour dire ses mots-nuages, ses mots-silences.
Pour atteindre ce ciel, il pose son échelle de Jacob contre les parois d’un puits inversé, monte et descend, casse les barreaux de l’aube. Sous sa plume, entre souffle et soufre, ailes et cendres, volupté et humour, naissent des oiseaux qui prennent leur envol dans des syllabes de rosée. Théâtre, tragédie dans la voie lactée du dire.
Si créer c’est collaborer avec les dieux, CLAUDE LUEZIOR vit avec leDaïmon cher à Socrate. Il aiguise le chant de sa pensée au plus près de l‘image, tantôt noire comme l’or du démon qui inscrit le signe d’Hérode / sur ma porte, tantôt bleue comme les premiers matins qui s’étoilent, pensées / au firmament / de tes yeux. Ainsi roule la pierre de ses lignes sur la marelle de sa materia prima.
Ses mots ont le goût d’un vagabondage : il y a toujours un puits où l’on attend une femme ou le sens du recueillement : la cathédrale étire / ses colonnes et arcatures / sur une verticalité / nervurée de prières. Entre Éros et Thanatos, le poète coule sa liturgie / celle où une audace / enfin se liquéfie. La psyché de l’écrivain peut implorer, sur les cimes d’un glacier : écoutez, je vous prie / ma supplique d’écorché ; plus loin, la voilà qui s’agenouille au fond du gouffre ou d’un ciel en gésine pour détacher l’hostie du ciboire / et la parole de nos déserts.
CLAUDE LUEZIOR marie le sacré au profane, le piment des petits riens (boire l’hydromel / de ces riens sans importance / qui signent la vie) au gond plus grave du quotidien en interrogeant la lumière qui s’encalmine sur l’ombre des étoiles. On partage ses lignes d’horizon, ses éclaboussures d’ombres. Ses mots prennent alors le reflet de celui qui lit : osmose des mystères.
CLAUDE LUEZIOR peaufine la couleur d’un silence, écrit en fragment sur l’arc solaire et, d’un seul geste, ouvre les abois du crépuscule. Dans cette trilogie, le silence et la nostalgie (ivre d’un mal étrange / l’ombre chancela / on entendit une masse / mon corps m’avait trahi) sont davantage présents que dans ses précédents recueils, sans pour autant, ici là, retrouver l’espoir : ensemencer le sillon / quand chuchote la glèbe.L’auteur griffe ses miroirs, nage dans ses marées tumultueuses et nous renvoie, avec un rare sens du dire et de l’image, les échos intérieurs de sa mythologie intime.
Il déplie avec un art consumé l’éventail de ses émois, pensées et désirs. Ce, dans une crémation du dire où il entraîne le lecteur. On ne peut que suivre le poète sur les chemins escarpés de ses songes, sauter dans sa barque qui n’est pas celle de Charron mais plutôt celle du nautonier qui sait hisser les voiles de son illimité.
Claude LUEZIOR, Trilogie : Fragment, D’un seul geste, La couleur d’un silence. Collection Poésie(s). Éditions L’Harmattan, Paris, 2015.
©Nicole Hardouin in : site de la revue Traversées, 2015
Claude Luezior : le prophète et le silence
Les « fragments » ou la somme de Claude Luezior deviennent de fabuleux dépôts contre la mort et le silence (c’est parfois la même chose). Les mots ruissellent de leur liqueur dans chaque page. Ils se mettent aussi à voler, à flotter sur la terre comme au ciel, aujourd’hui comme demain, ici et ailleurs, dans le réel comme dans l’imaginaire mais toujours pour venir à bout du néant.
Le régime des poèmes est fait d’images ardentes et pénétrantes. Elles sont moins des figures de style que la manière de créer un autre rapport au réel que celui de la littéralité. L’apparition, le surgissement de la métaphore transmuent les événements afin que ce qui pourrait mourir ressuscite avant même que la messe soit dite. C’est pour Luezior un ordre, un souhait, une invite, une adresse à l’autre et à soi-même. Le poète revendique le cycle vital ininterrompu qui désigne l’ordre mouvant d’une vie faite bien sûr d’accidents de parcours. Mais il en donne un contrepoint. A la ténuité des vers répond leur alchimie qui vient broyer le silence pour échapper aux Golgotha du temps.
La trilogie reste une arche singulière et unique, tout ce que le monde contient de beauté, de grâce et de magie et de douleurs aussi est rameuté dans un « paysage poétique » qui n’a rien de mièvre ou d’anthropocentrique : les sentiments contribuent à faire de ce recueil l’étrange narration d’une perpétuelle résurrection contre le silence de plomb. Avant d’être un miracle révélé, cette renaissance apparaît ainsi comme le destin d’un monde qui croît encore au futur à partir d’un présent constamment mouvementé et pas forcément « positif ».
Face au silence de mort c’est finalement de réconciliation qu’il s’agit : concorde et concordance des êtres en dépit de leurs différences. Encore faut-il accepter comme le fait Luezior le glacis du temps qui passe et ses vicissitudes pour espérer croire en la résurrection des corps. Elle est aussi celle du monde, celle d’une vie que le froid hivernal endort pour mieux assurer sa poursuite. Dès lors, les Métamorphoses que contait Ovide Luezior les reprend à sa main : il suffit de quelques mots, d’un choix finalement assez restreint d’expressions pour dire la grâce et la nécessité d’une création qui impose - contre vent et marée - une sérénité. On l’appellera folie du sage.
Jean-Paul Gavard-Perret in : Salon-littéraire.com
Ref : Claude Luezior, Trilogie : Fragment, D’un seul geste, La couleur du silence, 90 p., 92 p., 100 p., 12 Euros chacun, 2015, coll. Poesie(s), L’Harmattan, Paris.
CLAUDE LUEZIOR : trilogie 2015
L’imaginaire et le réel remarquablement travaillés par la langue du poète fribourgeois font que les notations-événements à caractère descriptif deviennent l’objet d’une transformation plus existentielle que « littéraire ». La mutation des formes d’écriture s’opère dans la réduction et la densité et l’enrichissement de la langue au moyen d’images qui effacent les contingences pour les densifier. Par exemple Luezior transcende la lutte de la femme (une amie poétesse de l’auteur) devant la maladie : « elle est là devant toi / et ton aiguille vile / elle est là, poitrine offerte / victoire de Samothrace / à la proue des embruns / elle qui brise le tumulte / du crabe qu’elle défie » et afin de parachever sa lutte le poète ajoute : « la vestale respire / de son verbe / de ses murmures / déjà / elle nous donne la vie ».
Luezior renverse donc les données dites objectives : l’espoir est l’étincelle qu’il jette au vent de la vie pour faire resplendir une sorte d’au-delà. Mais ici-même, ici bas. Le poète ne lâche rien : certes par essence la vie use mais il s’agit de faire résistance contre le silence : le poème devient le cri des oiseaux en plein vol. Comme eux il s’agit aller au-delà des neiges et des rochers pour atteindre les mots parfois encore indéchiffrables qui font taire le mutisme.
Jean-Paul Gavard-Perret
in : De l'art helvétique contemporain, blog 24Heures, 2015
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RECUEILS DE POEMES DE LUEZIOR :
. furtive, Ed. La Bartavelle
. fragile, idem, (primé par l’Académie française)
· fluide, idem
· Pour un tesson de lune, Ed. L'Harmattan
· L'orpailleur, idem
· L'espace d'un regard, idem
· Aux écluses du destin, idem
· Haute couture, idem
· Prêtresse, idem
· Mendiant d’utopie, idem
· Soleil levant, idem
· Vent debout!, Ed. Encres Vives
· Tisonner l’imaginaire, idem
· Quand se bousculent nos lèvres, idem
· Épurer le doute, Ed. de l’Atlantique
· Flagrant délire, idem
· À la dérive, idem
· La couleur d’un silence, Ed. L’Harmattan
· D’un seul geste, idem
. Fragment, idem
. Ces douleurs mises à feu, Ed, Les presses littéraires (Prix Y. et S. Blanchard de l'édition, 2015)
. Clames, Ed. tituli, Paris
. Jusqu'à la cendre, Ed. Librairie-galerie Racine, Paris
Jean-Louis BERNARD
Lecture de
FLAGRANT DELIRE
de Claude LUEZIOR
En 22 poèmes suivis chacun d’une ou deux phrases courtes (sauf le dernier : pas un hasard bien sûr, Claude Luezior est un poète de grande lignage, et comme tel, sait célébrer l’inachevé), nous voici conviés à offrir l’éphémère à nos mannes en connivence. Et qu’est-ce que l’éphémère ? Ce qui, par sa répétition infinie, est source de la pérennité.
Etonne-moi, disait Cocteau à Diaghilev. Adresse explicite à l’aimée (implicite à l’auteur lui-même ?), ainsi débute ce livre. Mais avant ce début, sans doute fut le songe. Qui dépouille le monde de son utilité et rappelle que l’homme est avant tout un être de désir :
Goûte mon amazone,
ton appétence pour moi
la folie de nos pastels
et l’abondance du levain.
Le songe est une recherche qui commence par un abandon. Et l’abandon est là. Au désir donc. Mais aussi aux chimères et sorcières qui courent en filigrane de ces pages. A la Grèce éternelle, d’Ulysse au Pantocrator. Et à une sorte de mysticisme œcuménique remontant aux sources moyen-orientales :
Genèse précieuse
où respirent les pèlerins
dont les paumes
sont devenues brasiers
et les flagellations
terres de renouveau.
En cet abandon, Claude Luezior met le doigt sur l’incompatibilité fondamentale entre écriture et parole : celle-là est pratique du non-savoir, celle-ci nécessite qu’on sache (Roberto Juarroz : Le non-avoir est un refuge). Et cependant, paradoxalement, ce non-savoir de l’écriture alterne avec un savoir particulier, celui de l’écart et du détachement, et devient alors regard enroulé autour de sa propre origine, regard aidé par une mémoire arythmique, cousine non éloignée de l’oubli (dans les broussailles de l’oubli / s’ouvrent les pétales d’un sourire). Alternance pouvant aller, chez les mystiques, jusqu’à une tentative de synthèse (le non-savoir sachant de Jean de la Croix). Claude Luezior n’en est pas là : il aime trop la chienne (qui) rêve aux renardes et les menuets parfumés / de corps à corps / en désirade ; et creuser le puits ne lui fait jamais oublier la margelle.
A mi-chemin entre jouissance et ascèse, entre désert et limon, le poète avance sur un fil (je suis l’inapaisé). Lorsqu’il le perd, il continue, comme dans les dessins animés. Alors se fait jour sa connivence avec les gouffres (Rien de nouveau sous le soleil. Mais l’ombre et la nuit, quelle richesse !) qui empêche sa chute, qui lui donne la chance de s’accrocher au surgissement (invisible jumeau du vide). Ainsi, dans ce livre, se condensent l’archive et l’apparition, la trace et le vif, l’amour des commencements et la poésie des confins. Ainsi la parole s’y fait-elle à la fois instant et territoire.
JL BERNARD
Ed. de l’Atlantique
recension in :
Cliquhttps://concerto-revue.monsite-orange.fr/page-5999cce72d6f3.htmler
Lecture de
FLAGRANT DELIRE
de Claude LUEZIOR
En 22 poèmes suivis chacun d’une ou deux phrases courtes (sauf le dernier : pas un hasard bien sûr, Claude Luezior est un poète de grande lignage, et comme tel, sait célébrer l’inachevé), nous voici conviés à offrir l’éphémère à nos mannes en connivence. Et qu’est-ce que l’éphémère ? Ce qui, par sa répétition infinie, est source de la pérennité.
Etonne-moi, disait Cocteau à Diaghilev. Adresse explicite à l’aimée (implicite à l’auteur lui-même ?), ainsi débute ce livre. Mais avant ce début, sans doute fut le songe. Qui dépouille le monde de son utilité et rappelle que l’homme est avant tout un être de désir :
Goûte mon amazone,
ton appétence pour moi
la folie de nos pastels
et l’abondance du levain.
Le songe est une recherche qui commence par un abandon. Et l’abandon est là. Au désir donc. Mais aussi aux chimères et sorcières qui courent en filigrane de ces pages. A la Grèce éternelle, d’Ulysse au Pantocrator. Et à une sorte de mysticisme œcuménique remontant aux sources moyen-orientales :
Genèse précieuse
où respirent les pèlerins
dont les paumes
sont devenues brasiers
et les flagellations
terres de renouveau.
En cet abandon, Claude Luezior met le doigt sur l’incompatibilité fondamentale entre écriture et parole : celle-là est pratique du non-savoir, celle-ci nécessite qu’on sache (Roberto Juarroz : Le non-avoir est un refuge). Et cependant, paradoxalement, ce non-savoir de l’écriture alterne avec un savoir particulier, celui de l’écart et du détachement, et devient alors regard enroulé autour de sa propre origine, regard aidé par une mémoire arythmique, cousine non éloignée de l’oubli (dans les broussailles de l’oubli / s’ouvrent les pétales d’un sourire). Alternance pouvant aller, chez les mystiques, jusqu’à une tentative de synthèse (le non-savoir sachant de Jean de la Croix). Claude Luezior n’en est pas là : il aime trop la chienne (qui) rêve aux renardes et les menuets parfumés / de corps à corps / en désirade ; et creuser le puits ne lui fait jamais oublier la margelle.
A mi-chemin entre jouissance et ascèse, entre désert et limon, le poète avance sur un fil (je suis l’inapaisé). Lorsqu’il le perd, il continue, comme dans les dessins animés. Alors se fait jour sa connivence avec les gouffres (Rien de nouveau sous le soleil. Mais l’ombre et la nuit, quelle richesse !) qui empêche sa chute, qui lui donne la chance de s’accrocher au surgissement (invisible jumeau du vide). Ainsi, dans ce livre, se condensent l’archive et l’apparition, la trace et le vif, l’amour des commencements et la poésie des confins. Ainsi la parole s’y fait-elle à la fois instant et territoire.
JL BERNARD
Ed. de l’Atlantique
recension in :
Cliquhttps://concerto-revue.monsite-orange.fr/page-5999cce72d6f3.htmler
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Claude Luezior, Ces Douleurs mises à Feu
Lorsque CLAUDE LUEZIOR, l’un des premiers stylistes contemporains, comme le souligne le poète Jean-Louis Bernard, laboure les broussailles de l’aube aux reflets de lignite, les mots/ tels des loups se lancent à sa poursuite. Somptueux hallali où résonnent en gonds vibratoires des images qui s’encastrent dans les armatures de l’ossature du destin.
Passant de l’ivresse à l’ascétisme, l’angoisse en bandoulière, complice des dieux, il dérègle l’heure du malin ; et lorsqu’il met ses douleurs à feu, l’aube devient alors plus lumineuse. Claude Luezior n’est pas pour autant pyromane : en Vulcain moderne, il actionne sa forge matinale pour faire jaillir la lumière sur le rivage de cormorans, là où volètent des arpèges parfumés. Même si , parfois, le feu a des avant-goûts de cendre, ce sont des cendres de rosée. La germination pousse sous la braise. Se constitue alors un livre d’heures, une caverne où stalagmites et stalactites se tutoient, se tressent. À chacun d’y pénétrer pour entrer en résonance avec le poète.
Claude Luezior est torturé de doutes, de promesses/qui délivrent, de croyances qui empoisonnent, il prie entre l’angoisse du devenir et la trace du souvenir. Il est un navire qui voit souvent l’horizon se noyer dans des ombres au sourire de bruine. Alors se rapproche le seuil dans les caprices d’un crépuscule qui rôde. Même si aller au-delà du seuil est toujours angoissant, dans la texture/ de mes insomnies/ errent sans cesse/ des loques impies : celles de la camarde, la peur ne taraude pas le poète à condition de mourir / pour quelque chose d’utile / pour quelqu’un. Dans ses textes qui bourgeonnent, se concentrent/ les saveurs du désir / où se réfugient / les velours/ d’une tendresse. Chez Luezior, le désir brûle toujours jusqu’aux bornages de la souffrance.
Ce recueil de poèmes est un labyrinthe où la glace donne des coups de poings, où les flammes dansent avec les douleurs du grand Feu. C’est un miroir pour mettre à plat les cicatrices de la vie, c’est une porte pour fuir des enclos de haine, pour assécher les vertiges assassins.
À la lisière de l’imperceptible, Claude Luezior est un allumeur de réverbères, toujours en marche pour recommencer cet exercice obscur et indispensable qui vaut surtout comme une aventure ou ainsi que le disait Yves Bonnefoy une incitation à se risquer dans l’inconnu.
Cet opuscule est un grand livre à conserver à portée d’âme car ses hymnes tactiles conduisent à l’intangible pour goûter ensemble /aux miels subtils délivrés en un nectar d’éternité.
Avec le poète Claude Luezior il y a toujours une voie : celle de la Lumière dont le monde a tant besoin.
Claude Luezior, Ces Douleurs mises à Feu, Éd. Les Presses littéraires, 2015,
Prix de poésie 2015 Yolaine et Stéphane Blanchard,
Couverture : tableau de Gil Pottier
Nicole Hardouin, 18 octobre 2017, in : RECOURS AU POEME, Essais & Chroniques
d'un souffle
tu ériges
et dédies
aux retrouvailles
ce que tes rêves
ont deviné
lire ensemble
ces minutes
du pacte vital
que fige
la tendresse
brûlant rituel
des caresses
qui fécondent
le désir
oraisons
barbares
pour exhumer
la vie
tu ériges
et dédies
aux retrouvailles
ce que tes rêves
ont deviné
lire ensemble
ces minutes
du pacte vital
que fige
la tendresse
brûlant rituel
des caresses
qui fécondent
le désir
oraisons
barbares
pour exhumer
la vie
c'est une terre
où poussent les cailloux
comme fleurs vénéneuses
cailloux acérés
sur une terre sans semailles
torturée par les vents
racines et ronces
y deviennent si denses
et les fleurs si minuscules
qu'elles se confondent
avec l'ardoise moirée
et le sang des schistes
c'est une terre
précieuse et stridente
que ces êtres de roc
appellent ma montagne
une terre sans terre
pour pugilats d'éclairs
une terre vive de ses orages
que ces hommes courbés
ont inscrite dans leur foi
dessinée par les aigles
terre de mégalithes
pour atlantes des cieux
où poussent les cailloux
comme fleurs vénéneuses
cailloux acérés
sur une terre sans semailles
torturée par les vents
racines et ronces
y deviennent si denses
et les fleurs si minuscules
qu'elles se confondent
avec l'ardoise moirée
et le sang des schistes
c'est une terre
précieuse et stridente
que ces êtres de roc
appellent ma montagne
une terre sans terre
pour pugilats d'éclairs
une terre vive de ses orages
que ces hommes courbés
ont inscrite dans leur foi
dessinée par les aigles
terre de mégalithes
pour atlantes des cieux
frôler ton front
au nom de l'irrationnel
courber le désespoir
aux marées de l'absence
dérober tes paupières
pour éveiller nos grèves
boire les couleurs
de nos papiers buvard
me parer de tes rubans
sables mouvants et traces
habiter les rivages
où frissonnent tes lèvres
frémir sur tes pétales
quand se défripe l'aube
me tenir à l'extrême
de tes parfums de femme
au nom de l'irrationnel
courber le désespoir
aux marées de l'absence
dérober tes paupières
pour éveiller nos grèves
boire les couleurs
de nos papiers buvard
me parer de tes rubans
sables mouvants et traces
habiter les rivages
où frissonnent tes lèvres
frémir sur tes pétales
quand se défripe l'aube
me tenir à l'extrême
de tes parfums de femme
Il cercatore d'oro (L'orpailleur), poemi e aforismi, traduzione di Roberta Ricca, L'Harmattan Italia, Torino, 2002
Resto Amore
Ho un patto
Per te
Un patto sicuro
Come una festa
Di vertigini
Una festa fiorita
Per far girare
Le nostre teste vive
Ancora un soffio
Il tuo il mio
Sotto il torchio del tempo
Che il vino
Si formi
Solo per il tempo
Che maturi
Che i nostri spiriti
Si mescolino
Couverture : tableau de Pavlina (cf son site sous "Liens")
le nuage de Magellan
pulse et rivalise
avec les galaxies
zébré de lumière
le four nucléaire
éparpille ses radiations
les pouponnières d'étoiles
bercent leurs turbulences
dans le chaos céleste
écloseries
où s'ouvrent
des spirales
...
pulse et rivalise
avec les galaxies
zébré de lumière
le four nucléaire
éparpille ses radiations
les pouponnières d'étoiles
bercent leurs turbulences
dans le chaos céleste
écloseries
où s'ouvrent
des spirales
...
passent pour niais
ceux qui perçoivent
au-delà des miroirs
poètes et troubadours
récitant leurs couleurs
quand il n'y a que la nuit
passent pour idiots
ceux qui savourent
les mots avec délice
au lieu de marteler
le bronze pour la guerre
et les cuirasses en acier
...
aux enchères de la passion, j'ai trouvé:
un grand amour XXIe siècle, tout neuf, dans son emballage d'origine
un sémaphore pour amants fidèles
les baisers d'une séductrice en balade
douze caresses dans une flanelle n'ayant encore servi
une enclume pour forger les illusions
quelques effleurements à consommer avec modération
une ferveur abandonnée avec son collier
des poèmes à siroter doucement
vingt-cinq toujours, cent encore
une clé de paradis, avec son double et son trousseau de bonnes intentions
...
et pour qui voulait prendre le tout
un bouquet d'essentiel
SORCELLERIE
un grand amour XXIe siècle, tout neuf, dans son emballage d'origine
un sémaphore pour amants fidèles
les baisers d'une séductrice en balade
douze caresses dans une flanelle n'ayant encore servi
une enclume pour forger les illusions
quelques effleurements à consommer avec modération
une ferveur abandonnée avec son collier
des poèmes à siroter doucement
vingt-cinq toujours, cent encore
une clé de paradis, avec son double et son trousseau de bonnes intentions
...
et pour qui voulait prendre le tout
un bouquet d'essentiel
SORCELLERIE
http://www.couleurs-poesies-jdornac.com/2017/06/danse-claude-luezior.html
AUTRES TEXTES SUR COULEURS-POESIES :
http://www.couleurs-poesies-jdornac.com/tag/claude%20luezior/
***
in : https://www.recoursaupoeme.fr/claude-luezior-buveur-de-rosee-extraits/
Buveur de rosée (extraits)
À marée haute
se torsadent
en elle
ces préludes
qu’un instinct
de succube
n’ose
assouvir
se prélasse
la lagune
subtile
qui scande
marées
et coquillages
humides
s’émeuvent
des doigts
tissant déjà
leurs errances
aux lices
d’un torse
en émoi
s’entremêlent
aux rayons
d’un désir
les algues
d’une sirène
qu’une langueur
éveille
se dévoile
une géométrie
de courbes
polies
à seule fin
d’une rectiligne
ferveur
s’entrouvrent
des lèvres
quand luisent
embruns
et rosées
qu’une soif
empourpre
se déploie
infiniment
la peau dorée
de hanches
vaincues
aux sables
des caresses
s’affûtent
ses ongles
prédateurs
aux nervures
d’un roseau
qu’une pénombre
érige
s’égarent
les reflets
de sa toison
qu’un rayon
découvre
en intime
innocence
s’érigent
aux écumes
du destin
les ressacs
pour assauts
que nul
n’imagine
s’épuisent
râles
et spasmes
de très hautes
marées
quand chavirent
les âmes
***
Dépendances
jusqu’à la lie
je m’abreuve
de l’extrême
poison
rongeant
ce calame
que je n’ai choisi
ni par Dieu
ni par Diable
encre
indélébile
noire de mots
qui désormais
habite mes fibres
et qui ronge
et dévore
ma cervelle
à petite cendre
cigüe
pour philosophe
castré
et scribe
à la dérive
quand les mots
battent la chamade
éther
du verbe
que j’inhale
telle une drogue
acidulée
que distillent
druides et chamans
jusqu’au souffle
d’une pensée
dernière
ivresse
au matin
des silhouettes
où se condense
la sentence
et se résument
les affres
d’angoisses
à la débandade
syntaxe
trop visqueuse
qui s’agglutine
dans le pertuis
d’une plume
rêvant encore
à son nid
d’oiselle
jusqu’à plus soif
j’exorcise
l’encrier
où l’on signe
l’arrêt de mort
du poème
in : https://www.recoursaupoeme.fr/claude-luezior-buveur-de-rosee-extraits/
Buveur de rosée (extraits)
À marée haute
se torsadent
en elle
ces préludes
qu’un instinct
de succube
n’ose
assouvir
se prélasse
la lagune
subtile
qui scande
marées
et coquillages
humides
s’émeuvent
des doigts
tissant déjà
leurs errances
aux lices
d’un torse
en émoi
s’entremêlent
aux rayons
d’un désir
les algues
d’une sirène
qu’une langueur
éveille
se dévoile
une géométrie
de courbes
polies
à seule fin
d’une rectiligne
ferveur
s’entrouvrent
des lèvres
quand luisent
embruns
et rosées
qu’une soif
empourpre
se déploie
infiniment
la peau dorée
de hanches
vaincues
aux sables
des caresses
s’affûtent
ses ongles
prédateurs
aux nervures
d’un roseau
qu’une pénombre
érige
s’égarent
les reflets
de sa toison
qu’un rayon
découvre
en intime
innocence
s’érigent
aux écumes
du destin
les ressacs
pour assauts
que nul
n’imagine
s’épuisent
râles
et spasmes
de très hautes
marées
quand chavirent
les âmes
***
Dépendances
jusqu’à la lie
je m’abreuve
de l’extrême
poison
rongeant
ce calame
que je n’ai choisi
ni par Dieu
ni par Diable
encre
indélébile
noire de mots
qui désormais
habite mes fibres
et qui ronge
et dévore
ma cervelle
à petite cendre
cigüe
pour philosophe
castré
et scribe
à la dérive
quand les mots
battent la chamade
éther
du verbe
que j’inhale
telle une drogue
acidulée
que distillent
druides et chamans
jusqu’au souffle
d’une pensée
dernière
ivresse
au matin
des silhouettes
où se condense
la sentence
et se résument
les affres
d’angoisses
à la débandade
syntaxe
trop visqueuse
qui s’agglutine
dans le pertuis
d’une plume
rêvant encore
à son nid
d’oiselle
jusqu’à plus soif
j’exorcise
l’encrier
où l’on signe
l’arrêt de mort
du poème
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